Mini-chroniques en pagaille #24 : Spécial Hanami Book Challenge 2023 partie 1

Sur le principe des mini-chroniques en pagaille de Light and Smell, voici mon retour sur mes dernières lectures en lien avec le Hanami Book Challenge 2023, centrées sur la littérature japonaise. Plus étoffées qu’un simple commentaire, moins élaborées qu’une vraie chronique, parce que je n’ai pas le temps ou l’envie d’écrire une vraie chronique pour chacun des livres

La papeterie Tsubaki, Ito Ogawa, éditions Philippe Picquier – Cases associées : La femme japonaise, Art, Au village, Famille, Vie de célibataire, Vieillesse, Nature, Cuisine, Religion, Au travail.

Résumé : Hatoko a vingt-cinq ans et la voici de retour à Kamakura, dans la petite papeterie que lui a léguée sa grand-mère. Le moment est venu pour elle de faire ses premiers pas comme écrivain public, car cette grand-mère, une femme exigeante et sévère, lui a enseigné l’art difficile d’écrire pour les autres. Le choix des mots, mais aussi la calligraphie, le papier, l’encre, l’enveloppe, le timbre, tout est important dans une lettre. Hatoko répond aux souhaits même les plus surprenants de ceux qui viennent la voir : elle calligraphie des cartes de vœux, rédige un mot de condoléances pour le décès d’un singe, des lettres d’adieu aussi bien que d’amour. A toutes les exigences elle se plie avec bonheur, pour résoudre un conflit, apaiser un chagrin. Et c’est ainsi que, grâce à son talent, la papeterie Tsubaki devient bientôt un lieu de partage avec les autres et le théâtre de réconciliations inattendues.

Mon avis : Un roman touchant sur le deuil, la calligraphie et la transmission qui pourrait aussi se classer dans la catégorie « tranche de vie ». Dans ce premier tome, nous découvrons une héroïne célibataire qui vient d’hériter de la papeterie de sa grand-mère. Contre toutes attentes, elle décide de reprendre l’établissement pour perpétuer la tradition familiale, mais aussi pour faire son deuil. Le deuil de cette grand-mère très exigeante qui lui a appris beaucoup sur ce métier et dont elle n’a jamais reçu beaucoup de preuves d’affection. Au fil des mois et des rencontres avec des clients qui lui demandent d’écrire à leur place des courriers personnels, elle renoue avec sa parente défunte et ses rituels autour de la calligraphie et de l’écriture. Elle découvre aussi la vie secrète de cette aïeule qui a dû l’élever seule et a érigé certains mensonges afin d’ajouter de la profondeur à leur travail. En recevant ses clients et en nouant des liens avec le voisinage, Hatoko réapprend à vivre avec les autres, elle qui est de nature solitaire. Elle se recrée une famille et par son métier, aide à la réconciliation, aux ruptures, à réclamer une dette, ou à correspondre tout simplement avec une petite fille seule dont le père est célibataire. Au-delà du personnage, l’auteur construit une ambiance centrée sur le partage et l’entraide dont la papeterie est le point principal de rencontre. Un lieu qui nous permet d’en apprendre davantage sur les papiers, les encres et le style à utiliser en fonction des lettres qui seront rédiger. Hatoko est écrivain public, mais c’est un véritable Art que de se mettre à la place des autres et de trouver les accessoires qui rendront le message le plus réussi possible. Ce roman est une déclaration d’amour au papier et à l’écriture qui rapproche les gens. Il donne envie de renouer avec l’art épistolaire par goût des belles choses. A lire sans modération.

Ode au chou sauté,Inoue Areno, éditions Philippe Picquier – Cases associées : La femme japonaise, Cuisine, Vie de célibataire, Famille, Au travailEn villeVieillesse.

Résumé : Dans la banlieue de Tokyo, Kôko, Matsuko et Ikuko tiennent une petite cantine de quartier. La cuisine y est familiale ; et bien que joyeuses et pleines d’énergie, elles n’ont, pour les clients qui poussent la porte, rien d’extraordinaire. Ce sont des femmes qui prennent de l’âge, des femmes invisibles. Mais il suffit de goûter les beignets de palourdes, les croquettes de tôfu aux bulbes de lis ou les bourgeons de pétasites au miso qu’elles cuisinent pour qu’opère une étrange alchimie. Quelle chance d’aimer manger ! Quelle chance d’être vivante ! La cuisine de La Maison de Coco devient alors le lieu du bonheur retrouvé et de la réconciliation. Avec les amours passés, les choses cachées derrière les choses mais surtout avec soi. Car on ne finit jamais d’être femme et de savourer la vie.

Mon avis : Ce roman appartient au genre « tranche de vie » centré sur la nourriture et la vie de trois femmes d’âges différents. On y retrouve l’ambiance d’une cantine de quartier, même si les clients ont moins d’importance que celles qui font la cuisine. En somme, il ne s’y passe pas grand chose, le roman est plutôt à lire pour son ambiance sympathique d’entraide entre femmes et pour les plats préparés qui résonnent tantôt avec un souvenir, tantôt avec la saison. Néanmoins, les trois héroïnes évoluent quand même du début à la fin du récit, et plutôt positivement. Kôko, la propriétaire est une vieille dame un peu loufoque, encore amoureuse de son mari qui l’a quittée pour une autre. Malgré tout, ils sont encore en bons termes et elle reste très dépendante de lui dans son commerce et dans son quotidien, quitte à réaliser des visites impromptues chez le couple. Elle va apprendre à vivre seule et à laisser son ex-mari vivre sa vie au fil des pages. Matsuko est une quarantenaire qui vit une relation plus ou moins officielle avec un homme marié. Elle souhaiterait être vraiment en couple avec lui, mais il a tendance à se dérober. Sa vie, construite autour de cette relation bancale et de son travail ne l’aide pas à s’épanouir. A la fin de l’histoire, elle saura mieux où elle en est et prendra certaines décisions pour avancer avant qu’il ne soit trop tard. Enfin, Ikuko est veuve depuis peu et a perdu son seul enfant il y a quelques années. Elle est devenue alcoolique et le fait de travailler chez Kôko lui permet de reprendre goût à la vie et d’apprendre à vivre seule tout en faisant son deuil. Le roman débute de son point de vue, ce qui permet de découvrir la cantine et les deux autres personnages, mais aussi d’avoir un regard extérieur sur la situation de l’équipe. L’arrivée d’un nouveau livreur de riz va engendrer des histoires amusantes et des quiproquos, mais dans l’ensemble, j’ai trouvé l’histoire un peu plate. Je m’attendais à davantage de rebondissements. Comme évoqué plus haut, il ne se passe pas grand chose et le roman est à lire pour son ambiance, pas pour un cours de cuisine ou de grandes leçon de vie.

Tant que le café est encore chaud, Toshikazu Kawaguchi, éditions Albin Michel – Cases associées : Famille, En ville, Au travail, Vie de célibataire, Vieillesse.

Résumé : Dans une petite ruelle de Tokyo se trouve Funiculi Funicula, un petit établissement au sujet duquel circulent mille légendes. On raconte notamment qu’en y dégustant un délicieux café, on peut retourner dans le passé. Mais ce voyage comporte des règles : il ne changera pas le présent et dure tant que le café est encore chaud. Quatre femmes vont vivre cette singulière expérience.

Mon avis : Un roman que j’ai trouvé charmant et qui m’a redonné envie de boire du café ! En fait de roman, il s’agit plutôt de quatre histoires qui ont lieu dans le même café hors du temps, avec les clients, qu’ils soient nouveaux ou habitués. Il sera question d’amoureux qui se quittent, d’époux qui se sont oubliés, de soeurs qui n’ont jamais su se parler, et d’une mère qui aura la chance de rencontrer son enfant. Des histoires bien mystérieuses mais qui permettent de mettre en lumière la nature humaine, le temps qui passe et les occasions manquées. Malgré les règles, les personnages ne peuvent pas changer directement le passé, mais cette expérience leur permet d’évoluer et d’aller de l’avant. Et quelle expérience ! Les règles pour retourner dans le passé se dévoilent au fil des pages et relèvent beaucoup du rituel. Entre la place occupée par le fantôme d’une cliente qui a oublié de revenir, la serveuse au regard de prêtresse qui verse le café dans une tasse spéciale et le fait de ne pas pouvoir se lever ou de ne voir que des gens déjà venus dans le café, le lecteur ne sera pas au bout de ses surprises. Côté ambiance, le lieu est chaleureuse et semble hors du temps du fait des couleurs sépia présentes dans la décoration et de l’absence de lumière naturelle. Les histoires sont touchantes, les propriétaires font office de « soigneurs » d’âmes égarées, le café est réalisé de trois manières différentes qui donnent l’eau à la bouche. Un petit bonbon à déguster qui interroge le lecteur sur ce qu’il ferait s’il avait la possibilité de retourner dans son passé.

Jiken, Horreur et faits divers au Japon, Louis-San, éditions Michel Lafon ou Audible pour le livre audio – Cases associées : En ville, Guerre, Religion, A l’école, Famille, Paranormal.

Résumé : Connaissez-vous Shoko Asahara, le gourou millénariste, Issei Sagawa, le cannibale, Sada Abe, la geisha tueuse ou encore Masahiko Takahashi, le  » Jack l’Éventreur  » japonais ?
Ces noms ne vous évoquent peut-être rien, mais je peux vous assurer qu’après avoir lu leur histoire, vous ne pourrez plus les entendre sans ressentir un frisson le long de votre échine…
Je m’appelle Louis-San et j’ai rassemblé dans ce recueil dix faits divers parmi les plus effroyable de l’histoire du Japon.

Mon avis : Je suis abonnée à la chaine Youtube de Louis-san depuis un an, donc je connaissais son talent pour se plonger dans des faits divers sordides japonais, les mettre en scène et surtout les mettre en voix. Il avait déjà réalisé des vidéos sur certains sujets et ce livre promettait d’être sacrément alléchant. Je n’ai pas été déçue du tout ! Cela a même été au-delà de mes espérances. Par ailleurs, j’ai pris le parti d’écouter le livre en passant par Audible, plutôt que de le lire. Je dois avouer que cela a ajouté une ambiance qui colle parfaitement au sujet, et Louis-san est un excellent conteur. Au-delà de jouer les groupies, je reconnais qu’il maîtrise parfaitement le sujet : il y a des heures de recherche derrière, ainsi qu’un gros travail de mise en scène aidé par les bruitages d’Audible. D’ailleurs, Louis-san fait les voix des personnages en français et en japonais ce qui ajoute à l’immersion. Côté sujet , il est abordé 10 histoires regroupant des faits réels horribles qui se sont déroulés au Japon ou avec des japonais à l’étranger. Dans l’ordre : La secte Aum, Issei Sagawa le Cannibale, Sada Abe la Geisha tueuse, Miyuki Ishikawa la sage-femme, Seito Sakakibara, l’enfant tueur, le massacre d’Akihabara, Junko Furuta la lycéenne enlevée par les Yakuzas, L’empoisonneuse au curry, Masahiko Takahashi l’éventreur japonais, La professeuse disparue. Souvent, l’histoire commence par l’enfance du futur tueur, afin de nous expliquer son parcours et son passage à l’acte, ce qui ajoute peu à peu de la tension à l’histoire. Mon histoire préférée (si je puis m’exprimer ainsi) est celle de la sage-femme tueuse d’enfants car elle est à l’origine de la Loi anti-avortement au Japon, mais aussi parce que le jugement de la tueuse a été bien léger au vu de ses actes. A travers ces histoires, on découvre un côté sordide du Japon, souvent injuste ou triste envers sa population, et où certains s’en tirent pour des raisons qui nous feraient hurler en occident. Par exemple, Issei Sagawa le cannibale montre dès l’enfance des troubles psychologiques, mais comme il est issu d’une famille riche, le sujet est mis sous le tapis et c’est l’argent de sa famille qui lui permettra de s’en tirer et même de vivre normalement en monnayant son histoire auprès du grand public. Certains ont fait évoluer la Loi japonaise comme la sage-femme mentionnée plus haut avec la loi anti-avortement, ou l’histoire du mec qui s’est auto-hypnotisé pour oublier qu’il avait tué une femme, donnant lieu à l’absence de prescription et la possibilité de procès en cas de meurtre. D’autres montrent à quel point la société japonaise est soucieuse du Tatemae, ce besoin de sauver les apparences, notamment dans l’affaire du jeune yakuza qui a violé et tué pendant un mois une étudiante chez ses parents alors que les cris étaient audible de tout le voisinage. Ou encore celle de l’empoisonneuse au Curry, qui à force d’arnaques n’a pas su se faire aimer du voisinage et a décidé de se venger. Le thème de laa solitude apparaît comme très présent dans cette culture avec l’histoire du massacre d’Akihabara, où un jeune homme a décidé de tuer des gens pour exister. Celui de se trouver un but dans l’existence aussi, aboutissant à un enrôlement dans une secte (cf histoire de la secte Aum). Autant d’éléments qui permettent de cerner le côté sombre de cette culture, sans pour autant tomber dans le glauque. Petit bémol : dans l’affaire de l’empoisonneuse au curry, si vous ne supportez pas d’entendre quelqu’un vomir, lisez l’histoire mais ne l’écoutez pas en livre audio. C’est assez réaliste pour que cela donne envie de vomir aussi ! Mon seul regret est qu’il n’y ait pas assez d’histoires. Je rempilerais bien pour un tome 2, malgré le sujet plutôt noir. En résumé, un super recueil de fait divers japonais que je vous conseille si vous aimez ce genre d’histoires.

Voilà pour mes avis lecture d’aujourd’hui en lien avec le Hanami Book Challenge 2023. N’hésite pas à aller jeter un oeil sur ma PAL concernant ce challenge ou à m’indiquer en commentaire ce que tu as pensé des livres présentés aujourd’hui, si tu les a lus aussi.

Fleur de cerisier et Macha,

A.Chatterton

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