Sur le principe des mini-chroniques en pagaille de Light and Smell, voici mon retour sur mes dernières lectures automnales. Plus étoffées qu’un simple commentaire, moins élaborées qu’une vraie chronique, parce que je n’ai pas le temps ou l’envie d’écrire une vraie chronique pour chacun des livres…

Il était ma légende, Estelle Faye, Editions Nathan ( Nouvelle Ado Fantasy)
Résumé : L’enfant unique d’un noble de la Cité d’Orian rêve de rencontrer Elok d’Endar, le héros qui a sauvé son royaume de l’attaque des démons d’ombre. Mais la découverte d’un terrible secret le concernant fait voler en éclats toutes ses certitudes…
Mon avis : La collection Court toujours présente des textes courts faciles à lire pour les grands adolescents et l’autrice est la première à y proposer une histoire de Fantasy (les autres sont tournées vers des thèmes sociétaux). Pour une première histoire dans la collection, c’est assez réussi. D’autant que l’histoire tient en 47 pages, ce qui est un sacré défi ! Il sera question ici de définir ce qu’est un héros et ce qu’il devient une fois ses actes de bravoure passé. Mais aussi de la manière dont il est perçu par les autres : une légende pour le protagoniste principal, ou un dinosaure désireux de réaliser une nouvelle guerre pour les autres. A travers cette histoire, l’autrice interroge aussi notre réaction face au danger, ce qui m’a rappelé dans un autre registre très actuel, un certain changement climatique : Elok alerte du danger imminent, tente de récupérer des fonds pour mener un nouveau combat mais personne ne veut l’écouter. Le peuple comme les politiques sont tombés dans la passivité suite à une grande période de paix instauré grâce à Elok. Plus personne ne veut la guerre. Plus personne ne veut non plus suivre cet ancien héros qui fricote avec des polymorphes, des êtres dangereux selon tous, à la croisée de saltimbanques et d’elfes. Le jeune protagoniste précipitera la chute de son héros suite à une erreur de jeunesse. Les conséquences seront désastreuses et douloureuses, mais bien présentes aux yeux du jeune noble, témoin muet d’un gâchis incommensurable. L’autrice interroge aussi la notion de sacrifice pour le bien d’une communauté peu reconnaissante. J’ai aimé l’univers de fantasy esquissé dans ces quelques pages, tout aussi fort et bien construit que dans les plus grands romans écrits par l’autrice. J’ai apprécié les intrigues politiques dévoilées aux yeux du jeune héros au fil des pages. Une nouvelle à lire autant par les ados que les adultes qui donne à réfléchir sur notre société actuelle.

Miranda, Nina Gorlier, Editions du Chat Noir ( Nouvelle Young Adult fantastique)
Résumé : Sur un terrain désolé, comme à l’écart du monde, s’érige une maison. Une vieille bâtisse inquiétante. Pour la seule occupante des lieux, Miranda, cette demeure représente tout ce qu’elle a toujours connu. Fantasque et romanesque, rêveuse et réservée, l’adolescente tue le temps et sa solitude.
Jusqu’au jour où d’autres arrivants prennent possession de la maison… Cette famille laisse la jeune fille dans un désintérêt relatif – à l’exception d’Allen, le fils du couple Stanford. Malgré l’indifférence du nouveau venu, Miranda sent éclore en elle des sentiments inconnus, aussi volcaniques qu’obsédants.
Mais entre Allen et elle s’érigent le poids du passé, la méfiance d’une rivale et la présence d’un monstre qui rôde sans cesse autour d’elle. Peu importe : pour écrire l’histoire dont elle rêve et tromper sa solitude, Miranda est prête à tout…
Mon avis : J’ai beaucoup apprécié l’originalité de cette nouvelle centrée sur un fantôme, qui hante sa propre maison sans savoir qu’il est un fantôme. Du moins, Miranda s’en doute un peu, tout comme le lecteur qui le comprend assez vite. Mais elle ne désespère pas le retour de sa mère qui l’a abandonnée dans cette maison. Au fil des pages, le lecteur découvre son quotidien et s’interroge sur son décès dont elle n’arrive visiblement pas à se souvenir. D’autant qu’un monstre rôde souvent dans la maison, lui faisant revivre une scène de son passé qu’elle a oublié, mais terriblement effroyable. La venue d’Allen va bouleverser le quotidien de la jeune fille, la faisant tomber amoureuse, devenir jalouse… Mais un fantôme peut-il partager la vie d’un être humain qui ne le voit même pas ? Entre histoire d’amour impossible et vérité dérangeante, cette nouvelle interroge les liens d’amours qui unissent les êtres humains : Peut-on tout pardonner par amour ? Comment trouver le bonheur ? Notre bonheur dépend-il des autres ? A côté de ces interrogations, le style est riche avec des descriptions de natures mortes empreintes de mélancolie. Il se dégage du récit les mêmes tonalités que sa couverture : une ambiance sépia, tournée vers le passé et la solitude, un brin gothique. L’autrice traduit avec subtilité la palette d’émotions de Miranda qui reste une toute jeune fille avec ses envies et une grande méconnaissance du monde. Elle aborde également des thèmes assez glaçants comme le harcèlement et l’amour dévorant. Une jolie histoire un peu effroyable qui revisite le concept de maison hantée tel qu’on le connaît avec une fin tout aussi originale.

Les libraires gauchers de Londres, Garth Nix, Editions Leha (Roman adulte fantastique)
Résumé : Londres, 1983 – ou presque. Armée de maigres indices, Susan part à la recherche du père qu’elle n’a jamais vu. Mais sa source la plus prometteuse est en réalité une créature du monde magique, qu’un libraire très spécial élimine sous son nez. Car les libraires sont avant tout les garants de l’équilibre entre le monde réel et le monde mythique – quand ils ne s’occupent pas de vendre des livres. Merlin et Viviane en font partie, et leurs pouvoirs hors normes ne seront pas de trop pour sortir Susan des mauvais pas où elle a le don de se fourrer.
Mon avis : J’ai lu ce roman en cédant à la pression des réseaux sociaux qui en parlaient en bien. J’ai apprécié ma lecture, mais je ne trouve pas que le livre vaille autant de tapage, d’autant qu’il s’agit d’un tome introductif à une série et qu’il n’est indiqué à aucun moment dessus que c’est le cas. (Ce qui m’a fortement déplu, car j’ai eu l’impression de m’être faite avoir). Certes, l’histoire de ce premier volume possède une fin propre, mais on sent nettement qu’il s’agit d’un tome pour introduire un univers. Et c’est tellement dommage car cela aurait pu être vraiment bien. L’ensemble de l’histoire est une course-poursuite haletante entre Susan, Merlin et Viviane et des méchants, pour empêcher Susan de trouver qui est son père. Donc beaucoup d’action, beaucoup d’échanges de tirs, beaucoup de méchants différents et une fin assez précipitée. En revanche, j’ai aimé de nombreuses choses qui ont rattrapé un peu ces bémols. Le fait que l’action se situe dans les années 80 m’a fait sourire car les héros doivent constamment trouver une cabine téléphonique pour appeler le QG quand ils ont des problèmes (vu que le smartphone n’existe pas). Merlin est un personnage farfelu, aux mœurs légères qui adore changer d’identité et de sexe, et est une vraie fashionista. Pour chaque mission, il adore changer de fringues pas forcément adaptées à la situation et trimbale toujours ses flingues dans un sac en poil de Yak, ce qui m’a fait beaucoup sourire. L’organisation des libraires était intéressante et aurait mérité un approfondissement. Elle m’a rappelé le roman de Daniel O’Malley, The Rook – Au service Surnaturel de sa majesté pour le côté surnaturel et WTF de la hiérarchie et son parfum de trahison. On retrouve l’humour britannique se traduit dans la définition des QG des libraires : la Nouvelle Librairie où on vend les vieux livres, et l’Ancienne Librairie où l’on vend les récents. Le passage mentionnant les taxis m’a fait hurler de rire : les libraires possèdent leurs propres taxis et évitent d’utiliser le métro pour éviter de réveiller des entités… J’ai apprécié la description de l’intérieur des librairies et du fonctionnement de cette communauté particulière : des droitiers analystes et chercheurs, des gauchers chargés de la sécurité, une mission centrée sur la pacification entre humains et entités légendaires sur Londres et ailleurs et surtout un conflit hiérarchique entre les jeunes et les vieux sur les méthodes à employer. Comme le personnage de Susan, le lecteur est embarqué au milieu de toute cette organisation malgré lui et doit apprendre vite les codes pour éviter de se faire tuer ou du moins décrypter ce qu’il se passe. J’ai surtout eu l’impression que le livre avait du succès parce que des personnages étaient des libraires particuliers et que cela plaît aux amoureux du papier. Si cela avait été un autre métier, la communication aurait moins fonctionné, mais cela n’aurait pas changé grand chose à l’histoire. Pour autant, l’univers est cohérent et un amoureux des livres et de Londres y trouvera son compte avec les nombreuses références littéraires distillées par l’auteur au fil du récit. Il n’est pas dit que je lise le tome 2 à paraître prochainement.

Les chroniques de Sainte Madeleine, Florence D. Orlac, Editions Octoquill ( Recueil de nouvelles d’horreur)
Résumé : Dissimulé par une épaisse forêt et de hautes grilles, loin des villes aux lumières artificielles naissantes, se dresse l’imposant manoir de Sainte Madeleine, hôpital psychiatrique pour riches patients aspirant au calme et à la discrétion. Mais entre ces murs sombres, vous ne trouverez nul remède ; la solitude et la souffrance s’insinuent dans les esprits fragiles, entrainant les malades aussi bien que le personnel sur les pentes glissantes de la démence. Au cœur de cette spirale infernale plane l’ombre inquiétante du Directeur. A-t-il orchestré les funestes évènements qui jalonnent les chroniques de Sainte Madeleine ? À moins qu’il ne s’agisse de l’œuvre de la femme aux yeux absinthe qui hante les couloirs, ou du curieux chat passe-muraille qui rôde dans son sillage… Au fil des neuf histoires qui composent ce récit, les personnages tourmentés se croisent et lient leur destin, à la recherche du seul bien ayant encore de la valeur en ce lieu oublié du monde : l’espoir.
Mon avis : J’ai beaucoup apprécié l’ambiance de Saint Madeleine, que l’on devine malsaine mais pas au niveau de la série American Horror Story Asylum. Quelque chose de sombre habite ces murs, incarné par la dame aux yeux verts et le directeur qui cache un secret. A travers les neuf histoires, on rencontre divers habitants du lieu : patients, employés, fantômes. Tous nous font découvrir leur version de Sainte Madeleine : un lieu où les patients sont traités selon leur fortune plus ou moins bien, et surtout selon des techniques du début du XXème siècle (?) donc pas forcément très efficaces et le plus souvent au détriment du bien-être des malades. Chaque histoire apporte un cas différent : un jeune homme troublé par son identité sexuelle, une infirmière devenant dépendante à un médicament, un amnésique prodige du piano qui ensorcelle son auditoire, un chat devenu fantôme, un directeur avide de pouvoir et d’argent, une infirmière abusée par le directeur, une épidémie mystérieuse qui ne tue que certains résidents, une vieille dame obsédée par un chat, un enfant de la lune obligé de sortir sous la morsure du soleil, une femme battue qui aurait tué son mari (ou l’inverse ?). A chaque histoire, le lecteur éprouve un doute envers l’histoire qui lui est racontée, souvent par le patient ou quelqu’un qui l’observe : est-ce la réalité ? Le patient a-t-il sombré dans la folie et nous entraîne-t-il avec lui ? Sommes-nous face à une force surnaturelle et à de l’occultisme? Il y a un peu de tout cela à la fois à vrai dire et c’est ce qui donne aux histoires cette ambiance sombre et poisseuse. J’ai particulièrement apprécié l’histoire de l’infirmière qui devient dépendante aux médicaments car, comme le récit est raconté de son point de vue, on ressent au fil de l’histoire sa difficulté à rester éveillée jusqu’au dénouement. Je n’ai pas tout compris certaines histoires et j’ai l’impression que l’autrice laisse délibérément son lecteur dans le flou le plus total pour instiller ce fameux doute folie/réalité. J’ai aimé certains thèmes abordés et la manière dont ils ont été traités comme la transidentité chez les aristocrates, le viol au sein de l’hôpital, la maltraitance des patients et des femmes, la non-acceptation de la différence en général dans les milieux riches. Le ton est juste et le thème est abordé du point de vue de la victime ou du point de vue d’un autre personnage qui assiste aux évènements en totale impuissance. J’ai absolument détesté le personnage du Directeur que l’on retrouve par touches dans les différentes histoires avant d’avoir la sienne : c’est un être avide, prêt à tout pour avoir ce qu’il veut et qui n’hésite pas à employer des méthodes effroyables pour y parvenir. Le seul bémol que j’aurais à mentionner concernant le recueil se situe au niveau de la structure narrative. L’autrice a voulu entremêler les histoires en distillant des indices dans certaines pour expliquer d’autres nouvelles ce qui est une méthode maligne et terriblement difficile à mettre en place. Cela oblige le lecteur à lire l’ensemble des 9 récits pour avoir le dénouement de certaines histoires situées dans d’autres. Cependant, les histoires ne suivaient pas une ligne temporelle linéaire mais plutôt divers allers-retours dans une chronologie chaotique, donc j’ai été totalement perdue surtout concernant le Directeur et je me suis beaucoup interrogée : est-ce le même directeur qui est interné pour avoir tué sa femme ? Est-ce celui qui pactise avec la Dame aux yeux verts ? Le chat dont parle la vieille est-il celui qui devient un fantôme ? Quand Sainte-Madeleine tombe-t-elle en ruines ? Quand a lieu l’épidémie ? Je me suis même demandée si c’était voulu par l’auteur pour introduire un sentiment de confusion afin de perdre le lecteur autant que les patients de l’asile… En bref, un recueil de nouvelles profondément gothique dont les histoires m’ont fortement marquées avec des fins souvent tragiques. A lire dans une ambiance lugubre, un soir d’automne.

Et à la fin, ils meurent, Lou Lubie, Editions Delcourt ( BD humoristique sur l’histoire des contes de fées)
Résumé : Quels sales secrets cachent les contes de fées ? Lou Lubie déterre avec humour les contes originels, aussi sombres que croustillants, et questionne leur éthique parfois… surprenante !
De l’Antiquité à Perrault et Grimm, Lou Lubie présente les versions authentiques et croustillantes des contes, où la fin heureuse s’arrose à la vodka et le prince n’est pas si charmant. À travers ces récits savoureux, l’autrice aborde avec humour une réflexion sur l’éthique des contes : violence, sexisme, racisme… une exploration culturelle et littéraire passionnante !
Mon avis : Une bande-dessinée (ou plutôt un documentaire graphique) à la fois intéressant, instructif et drôle sur les contes de fées. J’ai beaucoup appris sur l’évolution des contes au fil des siècles et sur ceux qui ont fixé leur matière orale à l’écrit. L’autrice interroge notamment l’édulcoration progressive des contes au fil des siècles et même la valeur des contes à notre époque actuelle. Quand on pense que certains étaient destinés aux adultes avec des passages grivois, ou que les frères Grimm avaient publié un conte antisémite retiré par la suite, ou que leurs recueils ont servi aux nazis comme base pour définir l’identité nationale allemande, on regarde les contes d’un autre oeil. Les réflexions modernes sur le consentement avec La Belle au Bois Dormant et la représentation qu’en fait Disney, puis les nouvelles versions de princesses avec des valeurs actuelles comme le courage au lieu de la beauté m’ont donné matière à réfléchir. Au fond, de nos jours ces contes sont-ils destinés encore aux enfants ou plutôt aux adultes qui y voient un rappel de leur enfance ? J’ai trouvé qu’on stigmatisait beaucoup trop les contes par peur d’effrayer les enfants, alors qu’ils sont conscient qu’il s’agit d’un monde imaginaire. J’ai énormément ri en parcourant les contes que Lou Lubie retranscrit en BD pour étayer ses propos. La palme revient à l’histoire de la Petite Sirène qui fait sa crise d’ado auprès de la sorcière pour avoir des jambes, ou le petit chaperon rouge qui tire sur la bobinette (en fait les intestins de sa grand-mère) pour entrer voir le loup. Les histoires sont trash et impertinentes avec une comparaison des différentes versions, et montrent bien l’évolution des moeurs au fil des siècles : le héros devient Prince ou princesse, on gomme toute version LGTBT, une morale survient (surtout avec Perrault) pour éduquer, et les autrices sont progressivement écartées et oubliées des publications. Si vous souhaitez en savoir plus sur l’Histoire des contes européens, je vous recommande vivement cette BD. En plus de vous amuser, vous apprendrez beaucoup de choses et vous prendrez peut-être du recul sur des histoires bien connues de votre enfance.
Certains de ces titres sont issus de mes pal d’Automne d’Octobre et de Septembre. N’hésite pas à les consulter si tu souhaites d’autres idées de lecture automnales.
Chai latte et Pumpkin Pie,
A.Chatterton
Toutes tes lectures me tentent !
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Merci. ♥️ J’espère que ça n’augmentera pas ta pal 🤣
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J’ai beaucoup aimé Miranda, Il était mon héros et Et à la fin ils meurent ! (ce dernier est rangé avec mes livres de références sur les contes ! J’avais beau être calée sur le sujet, j’ai encore appris des trucs !)
J’avais repéré les Libraires… par contre le coup du tome 1 me refroidit. Et Les chroniques de Ste Madeleine me rendaient curieuse aussi, je le note.
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Ravie d’ajouter des livres à ta pal. Bonnes lectures ♥️. Je partage ton avis sur le fait que Et à la fin ils meurent est un bonne référence sur l’histoire des contes 🥰
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Erf mais ça ne va pas j’ai envie de lire chaque titre dont tu as parlé 😂 damned. Merci pour les découvertes car je n’en connaissak
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Mince ça s’est envoyé tout seul avant que je finisse 🙄 je disais je n’en connaissais que deux et seulement de noms. Du coup je prends soigneusement des notes 😁
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C’est le jeu ma chère, il ne faut pas lire mes avis lecture sous peine d’encombrer ta pile à lire 🤣
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XD bah oui mais faut bien lire les avis des copains pour soutenir quand même… c’est le serpent qui se mord la queue !
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