Mini-Chroniques en pagaille #13, Spécial Cold Winter Challenge partie 1

Sur le principe des mini-chroniques en pagaille de Light and smell, voici mon retour sur mes lectures associées à ma pal du Cold Winter Challenge. Plus étoffées qu’un simple commentaire, moins élaborées qu’une vraie chronique, parce que je n’ai pas le temps ou l’envie d’écrire une vraie chronique pour chacun des livres lus…

Soeurs d’Ys, La malédiction du royaume englouti, M.T. Anderson et Jo Rioux, éditions Rue de Sèvres ( BD adulte/ Roman Graphique fantastique / Réécriture de contes)

Résumé : Pour ériger les remparts qui protègent Ys des flots tumultueux, la reine Malgven a eu recours à la magie. Sa mort brutale et mystérieuse laisse ses deux filles inconsolables et les éloigne l’une de l’autre. Rozenn, héritière du trône, entre en communion avec la nature et s’apaise dans les landes ; Dahut, la cadette, se délecte de la vie fastueuse de la cour et se compromet dans ses intrigues. Mais derrière les murs immenses de la cité se cache un passé lourd de sombres secrets. Le jour où le lien entre les soeurs se rompt définitivement, elles entraînent dans leur chute le destin d’Ys, et les monstres tapis dans l’ombre surgissent alors en pleine lumière.

Mon avis : Lu pour le menu Magie de Noël – catégorie Danse de la fée dragée (mais peut aussi convenir au Menu Sorcellerie Hivernale – Catégorie Yule). Inspiré d’une légende bretonne, Soeurs d’Ys nous raconte une querelle de soeurs, suite au décès de leur mère et à un père éteint, qui provoquera la chute d’une cité. On y voit évoluer Rozenn la brune, l’héritière, auprès des animaux de la forêt, développer ses dons en lien avec la nature et humaniser son rôle de future souveraine en étant proche du peuple. A l’inverse, Dahut la rousse endosse le rôle de maîtresse de cérémonie lors des événements officiels afin de rattraper les maladresses de sa soeur et surtout protège la ville d’Ys au prix d’un lourd secret laissé par sa mère. Au fil des pages, on voit grandir les deux soeurs, on comprend leurs désaccords et leur jalousie respective, tout en découvrant les splendeurs d’Ys… jusqu’à la chute finale. On évoquera aussi la construction et l’origine de la ville avec leur père Kern, toujours avide de pouvoir et de possessions. Si le scénario s’inspire de plusieurs variantes de la légende d’Ys, on croisera également l’histoire de Saint Corentin, Ermite condamné à pêcher et manger le même poisson que lui envoie Dieu chaque jour, devenant par la suite Evêque de Quimper. On trouvera aussi l’histoire du roi Gradlon fuyant Ys sur son cheval avec sa fille Rozenn, inspirée du tableau de Evariste-Vital Luminais La fuite du roi Gradlon. Côté illustration, Jo Rioux rend hommage à la légende avec une ville d’Ys aux allures aquatiques avec des tons verts et or et des monstres aquatiques fabuleux. Les couleurs plutôt ternes renforcent l’angoisse qui se développer au fil du récit et rappellent la météo bretonne. Les paysages en dehors du château sont très beaux, avec des vues panoramiques sur la lande ou la forêt. Les personnages ont des traits plutôt fins mais bien marqués, renforcés par l’utilisation de crayons de couleur. Les visages sont ovales ou ronds avec des yeux toujours expressifs et des couleurs en fonction de leur humeur : Kern est dépressif et toujours sombre, à l’inverse de Dahut éclatante de pouvoir. La chevelure rousse de Dahut est la seule toujours de couleur un peu forte dans le récit, semblable à des tentacules ou des algues. Le récit aborde plusieurs thèmes : le sens du sacrifice, la jalousie, l’héritage, mais aussi l’amour, l’avidité, le poids du mensonge et la manière de diriger un peuple. La morale de cette histoire se résume à deux ressorts scénaristiques : les apparences peuvent être trompeuses (notamment sur le destin des deux soeurs) et l’avidité se paie toujours au prix fort. En résumé, une bande-dessinée pour adultes à lire sans modération pour se replonger dans les légendes bretonnes et revivre le faste de la cité d’Ys.

Retour à Winterhouse Hôtel, Ben Guterson, éditions Albin Michel (Roman jeunesse fantastique)

Résumé : Après des mois d’attente, Elizabeth est enfin de retour à Winterhouse Hôtel ! Elle apprend avec bonheur que Norbridge a finalement réussi à prouver qu’il est bien son grand-père, elle va donc s’établir à l’hôtel pour de bon ! Toute à sa joie de retrouver Freddy et sa bibliothèque chérie, Elizabeth n’en remarque pas moins quelques bizarreries… Qui est cette Elana qui l’assaille de questions ? Que signifient les mots gravés sur le sceau de Winterhouse Hôtel ? Pourquoi la tombe de Gracella est-elle introuvable au cimetière de la ville ? Autant de mystères à résoudre dans l’atmosphère envoûtante de Winterhouse Hôtel !

Mon avis : Lu pour le menu Magie de Noël – La lettre au Père Noël. Nous voici de retour dans l’ambiance cosy et mystérieuse de Winterhouse Hôtel avec de nouveaux méchants et de nouveaux secrets à découvrir sur l’hôtel. Dans ce deuxième tome, Elizabeth (la presque cousine d’Harry Potter) quitte son placard à balais/maison de son oncle et sa tante radins pour emménager à Winterhouse auprès de son grand-père, et se découvrir une nouvelle vie de future héritière de l’Hôtel. Sauf que de nouvelles épreuves l’attendent avec de nouveaux mystérieux personnages : Elana et sa grand-mère qui posent des questions sur les passages secrets de l’hôtel, et l’odieuse famille Powter qui explorent Winterhouse à la recherche d’objets magiques cachés. Comble de l’horreur : le corps de Gracella ne semble pas avoir été enterré au cimetière, donc elle est susceptible de revenir ! L’héroïne va osciller pendant tout le récit entre sa joie de changer de vie et les nouveaux mystères qui entourent l’hôtel, rendant sa position d’héritière assez dangereuse. Parmi les nouveautés de ce deuxième opus, l’auteur élargit le décor de son histoire au village voisin, un cousin de Pré-au-lard, avec une librairie un peu creepy et une auberge très sympathique. Il nous propose aussi de découvrir un observatoire en cours de réparation par Freddy, l’ami d’Elizabeth, ainsi que des passages secrets dont l’emplacement est codé. Le récit est similaire au premier tome : Freddy et Elizabeth vont passer des vacances de Noël particulières, entre chasse au trésor, résolution d’énigmes, dangers en tout genre et dinde aux marrons. Cependant, l’auteur prend le temps d’approfondir la psychologie de son héroïne en lui faisant réfléchir sur l’utilisation de ses pouvoirs magiques et sur son caractère. Apprentie bibliothécaire auprès de Léona, Elizabeth va devoir apprendre à dompter ses émotions et gérer sa susceptibilité auprès des lecteurs. Ses relations avec Norbridge, son grand-père, vont se construire au fil du récit : si ce dernier cherche à la protéger en lui cachant des choses comme dans le premier tome, il va se rendre compte qu’elle est assez adulte pour encaisser la vérité. Ce tome sera aussi l’occasion de découvrir d’autres membres de la famille vivant dans l’hôtel, et d’en apprendre un peu plus sur la mère d’Elizabeth. J’ai apprécié encore une fois l’effort fourni par l’auteur d’impliquer son lecteur dans les énigmes destinées au personnage principal. On se sent acteur du récit et cela est d’autant plus agréable et immersif. En résumé, un deuxième tome à l’ambiance toujours aussi cosy, bourré d’énigmes à résoudre et qui met l’accent sur l’évolution de son personnage principal. J’ai hâte de lire la suite !

La bibliothèque de Mount Char, Scott Hawkins, éditions Denoël (Roman Fantastique)

Résumé : Carolyn était une jeune Américaine comme les autres. Mais ça, c’était avant. Avant la mort de ses parents. Avant qu’un mystérieux personnage, Père, ne la prenne sous son aile avec d’autres orphelins. Depuis, Carolyn n’a pas eu tant d’occasions de sortir. Elle et sa fratrie d’adoption ont été élevés suivant les coutumes anciennes de Père. Ils ont étudié les livres de sa Bibliothèque et appris quelques-uns des secrets de sa puissance. Mais Père a disparu et il n’y a maintenant plus personne pour protéger la Bibliothèque des féroces combattants qui cherchent à s’en emparer. Carolyn se prépare pour la bataille qui s’annonce. Le destin de l’univers est en jeu, mais Carolyn a un plan. Le seul problème, c’est qu’en le menant à bien, elle a oublié de préserver ce qui faisait d’elle un être humain.

Mon avis : Lu pour le Menu Magie de Noël – Danse de la fée dragée pour son côté fantastique et dans le cadre d’une lecture commune avec une amie. Ce livre m’a fait totalement sortir de mes habitudes de lecture car je n’ai pas l’habitude de lire des thrillers fantastiques américains. Par ailleurs, je me suis laissée berner par le résumé de la quatrième de couverture, pensant qu’il serait question de bibliothèque magique, comme dans la série tv The librarians. Or, cela n’a absolument rien à voir : le résumé aborde finalement ce qui s’est passé avant d’arriver l’action, et j’ai trouvé cela un peu maladroit comme entrée de jeu. De ce fait, le début de ma lecture a été un peu laborieux du fait de cette première déception, mais aussi parce que l’auteur nous fait entrer dans une histoire qui n’a ni queue ni tête au premier abord. Il faut s’accrocher sur la première partie de l’intrigue pour comprendre deux choses : les thèmes principaux du roman seront la vengeance et l’héritage. Scott Hawkins nous décrit un univers régit par Père, une entité toute puissante qui recueille 12 orphelins afin d’en faire les apprentis d’une bibliothèque particulière : celle qu’il a construit depuis des millénaires sur ses connaissances du monde. Mais l’apprentissage sera cruel et particulier. Parmi les thèmes d’études on notera celui des langues, celui du meurtre, celui de la mort, celui de la médecine, ou encore des animaux. Chaque enfant devra apprendre à maîtriser son catalogue et surtout ne jamais en partager les connaissances avec ses camarades. L’apprentissage sera difficile, violent, et laissera des séquelles pour chacun d’entre eux car Père n’hésite pas à tuer, torturer, pour ressusciter et recommencer jusqu’à ce que la leçon soit apprise. Tous auront des séquelles, certains auront envie de se venger… jusqu’à la disparition de Père et l’impossibilité de se rendre dans la Bibliothèque. Les voilà tous en territoire « humain » à devoir survivre et trouver un moyen de rentrer chez eux en utilisant des méthodes pour le moins discutables. Outre une psychologie des personnages assez poussée notamment avec le personnage de Carolyn qui arrive à un moment à perdre son humanité, l’auteur nous dévoile des scènes d’horreur bien sentie pour comprendre les motivations de cette vengeance latente auprès d’un Père qui n’a de paternel que le nom. J’ai particulièrement peu apprécié certaines scènes assez insoutenables à lire qui ne me semblaient pas essentielles au récit. Pour autant, la deuxième partie touche parfois à l’absurde ce qui allège l’histoire, avec une série d’actions mettant en scène un personnage secondaire un peu stupide, engagé pour faire un sale boulot, ainsi que des tenues souvent décalées pour les bibliothécaires qui ne savent pas s’adapter au monde des américains. La troisième partie, plus dense, dévoile l’identité du meurtrier de Père et ses motivations. Elle nous fait aussi découvrir la Bibliothèque. Elle remet également en question tout ce que le lecteur a pu lire jusqu’ici par un retournement de situation complètement inattendu qui m’a totalement surprise… et horrifiée ! On y découvrira ainsi la fine ligne qui sépare l’humain de l’inhumain, voire l’humain de la divinité. En résumé, ce roman est un thriller fantastique qui frôle le roman d’horreur, avec pour toile de fond très lointaine une bibliothèque mais surtout une histoire de vengeance et d’héritage. Si l’on peut souligner la présence de personnages à la psychologie ultra travaillée, et l’étude importante de la violence et de la folie, on ne peut que concéder qu’il s’agit d’un vrai OLNI. J’avoue que je n’ai pas su quoi penser de cette lecture après l’avoir terminé. Je pense que si j’avais découvert de quoi il était question, je ne l’aurais pas lu. Cependant, je ne regrette pas d’être sortie de ma zone de confort malgré quelques scènes assez hard. Il m’a rappelé un peu Les Geôliers de Serge Brussolo dans l’esprit WTF, et les romans de Neil Gaiman dans le rapport à la divinité. Bref, à déconseiller si vous souhaitez lire un livre gentillet sur des bibliothécaires…

Voilà pour mes lectures du Cold Winter Challenge qui sont assez variées cette semaine. J’ai hâte d’attaquer les romances de Noël pour alléger un peu l’ambiance après la Bibliothèque de Mount Char !

Et vous, où en êtes-vous dans vos lectures ? Avez-vous lu les livres présentés aujourd’hui ? Sont-ils dans votre PAL ? Dites-moi tout en commentaire !

Café latte et biscuits à la cannelle,

A.Chatterton

5 réflexions sur « Mini-Chroniques en pagaille #13, Spécial Cold Winter Challenge partie 1 »

  1. La bibliothèque de Mount Char est intrigant, même si les scènes insoutenables que tu mentionnes me font un peu peur…

    Aimé par 1 personne

      1. Euh, pas trop mon truc ça mais si on peut les sauter sans que ça nuise à l’intrigue, ça peut passer 🙂

        Aimé par 1 personne

      2. En fait, ça fait beaucoup penser à la série umbrella academy 😁

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