Une idée d’incandescence, Naël Legrand, Yby éditions

Lu dans le cadre d’un service presse (et j’en remercie grandement les éditions Yby), j’ai découvert dans ce premier roman un style fluide, un univers enveloppant et drôle et une héroïne complexe. Une vraie réussite !

Résumé : Lorsqu’Absinthe Cattel s’engage dans la milice de Drak, elle ne s’attend pas à tomber sur une équipe de bras cassés. Accueillie par le déroutant capitaine Merlange, elle est chargée de mener l’enquête dans l’une des maisons de passe de la ville. Pour la jeune femme, qui a eu maille à partir avec la guilde des Travailleuses – et surtout avec l’une de ses employées –, c’est le pire endroit où être dépêchée. Car Liliane, sincère et flamboyante, est bien plus difficile à affronter que le quotidien absurde de la milice…

A noter que ce roman est actuellement en financement participatif sur Ulule jusqu’au 1er décembre 2021 pour 25 euros (papier et numérique). La couverture a été réalisée par Mistéxpi.

Mon avis :

Un roman sur une ville où il ne fait pas bon vivre

Drak est un personnage à part entière dans ce roman. L’auteur nous fait évoluer dans la ville tentaculaire dans tous les sens aux côtés d’une milice qui n’est pas bien accueillie par ses habitants. Et pour cause ! La ville est fondée sur trois guildes : celles de voleurs, celles des prostituées et celles des assassins. Au milieu de tout ce bazar de ruelles et de souterrains sordides, le seigneur Amfer ainsi que le capitaine Merlange tentent de mettre de l’ordre tant bien que mal. Mais difficile d’établir des lois avec une milice en sous-effectifs, peu équipée et qui ne sait pas se servir d’une épée. A travers le personnage d’Absinthe Cattel, nous découvrirons la ville, ses quartiers sordides, son fonctionnement frôlant parfois l’absurde et ses habitants. Une vraie plongée dans un lieu où il ne fait pas bon vivre et pour lequel on éprouve paradoxalement un sentiment de confort car l’auteur sait nous rendre Drak vivante, voir amusante malgré sa noirceur. On en ressort avec l’envie d’y replonger. Un vrai coup de maître !

Un roman engagé LGBTQIA+

Aux éditions Yby, la ligne éditoriale est orientée vers des histoires qui prônent les valeurs LGBTQIA+ et ce roman n’échappe pas à la règle. L’auteur choisit de nous présenter une héroïne lesbienne en proie à des interrogations sur sa sexualité et surtout sur son engagement émotionnel avec une compagne sur le long terme. Absinthe a toujours caché ses penchants pour s’éviter des ennuis par le passé : dans son village, dans l’armée où elle se travestissait en homme, au bordel quand elle jouait les vigiles. Avec Liliane, elle se découvre une idylle qui dépasse la simple aventure sexuelle et cela l’obligera à évoluer et à s’accepter tout entière. L’auteur développe sur ce premier tome une héroïne complexe à travers laquelle de jeunes lesbiennes pourront tout à fait s’identifier et choisir comme modèle pour accepter leur sexualité.

A côté d’Absinthe, on croisera également le couple impossible entre Amfer et Merlange qui passent leur temps à s’asticoter sans jamais franchir la barrière professionnelle et pour cause : Merlange est marié à une membre de la guilde des voleurs. Pour autant, le capitaine de la milice est saoul du matin au soir et ne semble pas souvent soucieux de rentrer chez lui, comme si la perspective de voir sa femme ne l’enchantait guère. De son côté, Amfer est amusé par les espiègleries de son subordonné mais reste toujours froid et distant. Des mystères sont encore à élucider de côté là…

A noter également que le romans comporte quelques scènes érotiques bien placées, pas du tout redondantes et joliment écrites des relations entre Absinthe et Liliane, qui pimentent un peu le récit.

Le capitaine Merlange et les enquêtes de la milice

A côté d’Absinthe, le personnage de Gabriel Merlange mériterait un roman à lui tout seul tant il est amusant, drôle et très complexe psychologiquement. Dans cette histoire, il nous est présenté comme le capitaine de la milice, mais on lui connaît des accointances avec la guilde des voleurs du fait de son mariage et surtout de ses méthodes d’investigations.

Il a beau être saoul toute la journée (au point qu’un de ses adjoints a pour mission de cacher ses bouteilles d’alcool), il n’en reste pas moins efficace avec des méthodes dignes d’un gangster malicieux ou d’un voleur. Mais à Drak, la milice doit adapter ses méthodes à sa population, ce qui rend certaines situations assez cocasses et discuttables, où l’on ne sait pas si le capitaine sait ce qu’il fait (je prendrais pour exemple la visite souterraine accompagnée d’un balai).

Le début du roman commence par une enquête autour de la guilde des Travailleuses (=prostituées) qui détournerait l’argent des taxes en déclarant moins que prévu. On verra que Merlange saura utiliser divers stratagèmes pour parvenir à ses fins, même s’il est très long à la détente et que l’enquête aura tendance à piétiner. En résumé, attendez-vous à une enquête qui traîne en longueur mais qui trouve quand même sa résolution en fin de roman, avec des méthodes très discutables mais fort amusantes.

L’influence de Terry Pratchett

L’auteur est fan de Terry Pratchett et cela se ressent dans sa manière d’écrire. Sans pour autant être un pastiche, on retrouve dans son histoires des notes de bas de page amusantes qui décrivent certaines coutumes de l’univers, ou encore cette propension à vous envelopper dans un lieu avec des personnages forts, et surtout des situations absurdes.

Je prendrai pour exemple la visite de la ville souterraine par la milice qui nécessite un guide expérimenté pour éviter de se perdre dans des dédales de ce labyrinthe obscur, avec des règles bizarres. Ou encore la visite d’un certain quartier qui nécessite aussi un guide, mais parce que le quartier est vivant et joue avec ses visiteurs, perdant ainsi la milice lors de sa patrouille…

En conclusion : Une idée d’incandescence est un premier roman qui vous transporte dans un univers à la Terry Pratchett, avec une pointe d’enquête policière et un gros engagement LGBTQIA+. Une histoire parsemée d’humour où l’on ne peut s’empêcher de replonger avec délectation.

3 réflexions sur « Une idée d’incandescence, Naël Legrand, Yby éditions »

  1. Waw j’adore ! Je vais me le prendre en numérique, ça me fait trop envie. Merci beaucoup pour la découverte 🤩

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