Une course-poursuite haletante mêlant thriller, western et fantastique, c’est ce qui vous attend avec cette réédition magnifique du roman d’Adrien Tomas aux éditions Mnemos. Une aventure dévorée en deux jours pour laquelle je remercie l’éditeur qui me l’a envoyé gracieusement en service presse.
Résumé : 1868, aux confins de l’Amérique, sept Veneurs, hommes et femmes sans foi ni loi, aux munitions forgées d’argent, l’âme froide comme l’acier, parcourent les immensités de l’Ouest sauvage à la recherche de Notre-Dame des loups, une créature qui serait à l’origine de la prolifération des lycanthropes sur le territoire américain. Ils s’enfoncent, la peur au ventre mais déterminés, dans les gigantesques forêts que seuls les Indiens et les pionniers arpentent. Ils connaissent leur mission : elle pue le sang et la mort. Elle a le son des chairs qui se déchirent et des os qui rompent, des incantations vaudou, des balles qui sifflent et des molosses qui aboient. Au loin, les premiers hurlements se font entendre. La chasse commence… Une chasse qui doit réussir quel qu’en soit le prix. Une chasse pour abattre leur plus terrible ennemie : Notre-Dame des Loups…
Mon avis :
Attention ! Ma troisième partie de critique contient des spoilers associée à la construction du récit. Je l’ai située après la conclusion, pour vous éviter de lire par mégarde. Si vous souhaitez la lire, il vous faudra aller plus bas dans l’article. 😉
Une uchronie autour du loup garou
L’auteur nous entraîne dans un univers uchronique où les loups-garous existent réellement en mélangeant de manière astucieuse des faits historiques à la fiction. En cela, il se rapproche de Fabien Cerutti et sa série Le Bâtard de Kosigan dans sa manière de construire son récit uchronique. Ainsi, le lecteur qui connaît l’Histoire et les légendes sera assez enclin à croire à la véracité de son récit.
Notre-Dame des loups serait la première louve-garou à avoir existé. Elle serait présente dès l’Antiquité en tant que mère adoptive de Romulus et Rémus, comme l’indique un « document d’archive » situé en fin d’ouvrage et rédigé par la louve elle-même, où elle explique sa vie.
Elle réapparaît en Europe par la suite sous les traits de la Bête du Gévaudan, avant d’embarquer pour l’Amérique fin XIXème siècle, devenant ainsi la légende du Wendigo pour les natifs américains.
A chaque fois, elle contamine par sa morsure des humains pour constituer des meutes. Les hommes et femmes contaminés redeviennent humains le jour et se transforment la nuit pour assouvir leur besoin de chasse à l’homme ou de gibier.
Les veneurs sont constitués dès l’Antiquité en confrérie pour résoudre ce fléau contre-nature, mais la tâche n’est pas facile : les contaminés redevenus humains le jour sont indétectables et peuvent leur nuire, ainsi que leurs familles.
Pour les tuer, l’auteur a conservé la méthode ancestrale : l’argent, sous forme de balles, qui sont refondues après utilisation. Les veneurs doivent porter des gants avant de récupérer les balles dans les cadavres des loups-garous, afin d’éviter des contaminations par le sang.
La magie joue un léger rôle dans cet univers avec l’utilisation de gris-gris, portés autour du cou et censés accroître la vision nocturne. La Grande Louve possède aussi des pouvoirs associés à l’illusion et la persuasion qui feront des dégâts dans l’équipe.
Les veneurs ont un code bien à eux : ils se soutiennent face aux loups-garous, sont tenus d’abattre tout camarade contaminé, et d’obéir au chef d’équipe. Chacun a un rôle défini : tireur, fondeur, soigneur, chef, éclaireur, archiviste.
Le plus important est qu’ils agissent dans l’ombre : la population n’est pas au courant de l’existence des loups-garous. En cas d’attaque, les humains ignorants sont soit convaincus qu’ils sont fous ou ont vu un loup normal, soit abattus. La dernière option, s’ils ont une compétence utile comme savoir bien tirer, est de rejoindre la troupe malgré eux, et de devenir veneur. Le secret reste ainsi bien gardé.
L’intrigue nous emmène ici à un tournant dans l’histoire de la traque aux loups-garous : une équipe de veneurs aurait bientôt débusqué Notre Dame des Loups. Nous sommes en Amérique en 1868, et la troupe passe son temps entre forêt et petites villes sordides, à l’affût du moindre indice…
Une galerie de personnages forts
Adrien Tomas nous propose pour cette chasse au loup-garou une équipe de veneurs aux personnalités bien ancrées. Si certains sont présents dans l’équipe contre leur gré, d’autres se sentent investis d’une mission ou cherchent une forme de rédemption dans la traque de Notre-Dame des Loups. Ils se rapprochent d’une bande de mercenaires mais avec des principes.
Ainsi, Arlington est un irlandais fin tireur qui s’est fait enrôler malgré lui après avoir découvert l’existence des loups-garous. Peu apprécié de Jack, le chef, parce qu’il dit un peu trop ce qu’il pense, il est obligé de rester dans l’équipe. Sa seule porte de sortie est de se faire tuer par un loup-garou ou par son chef. Il éprouve un grand ressentiment envers Jack et souhaiterait voler de ses propres ailes.
Jack, le chef, est un salopard obsédé par Notre Dame des loups avec qui il semble avoir un passé. Parfois plus concerné par le fait de tuer des loups-garous que par son équipe, il n’hésite pas à sacrifier certains membres du groupe pour atteindre ses objectifs. Il a été nommé chef de la troupe à la place de Würm dans des circonstances mystérieuses.
Würm est un veneur allemand venu exprès en Amérique pour chasser Notre Dame des Loups. Il fait partie d’une famille et d’une confrérie de veneur européenne dont il est le délégataire et l’héritier. Affublé de lunettes fumées, toujours bien sapé et propre, il sort de l’argent comme par magie à chaque étape de ravitaillement. On raconte qu’il a fait partie d’une troupe de théâtre et qu’il a été chef des veneurs avant de laisser sa place à Jack. En retrait, il influe sur les décisions du chef et joue le rôle de second et de fabricant de gris-gris.
Billy Winters est un cowboy du Texas maladroit mais fin tireur, un peu trop bavard quand il a bu, et qui a la cote avec les filles. Il s’est fait enrôler malgré lui dans l’équipe après avoir survécu à une attaque de loups garous grâce à ses talents de tireur. Il est plutôt satisfait de son sort même s’il aimerait qu’on se moque un peu moins de lui. C’est le plus jeune de la bande.
Evangeline est la seule femme de la troupe avant leur rencontre avec Waukahee. C’est une ancienne esclave noire qui a été sauvée par l’équipe d’une mise à mort, car elle organisait des combats de chiens clandestins. Mutique depuis la mort de son amant, elle dresse et soigne la meute de chiens des veneurs qui servent d’éclaireurs en cas d’attaque de Loups-garous. On dit qu’elle est un peu sorcière et qu’elle pratique le vaudou.
Enfin, Jonas est le fondeur du groupe. Ancien forgeron, il a laissé femme et enfants pour s’enrôler dans l’équipe. Il gère les armes de tous les veneurs et fond les balles en argent récupérées sur les loups-garous pour réaliser de nouvelles munitions. Il a un passé avec Evangeline et forme les nouveaux aux règles de la vènerie. C’est l’ancien du groupe.
Excepté Billy qui est le dernier arrivé en date dans l’équipe, puis Waukawee l’indienne qui les rejoindra plus tard, tous se connaissent depuis un moment. Ils ont vécu des aventures et ont parfois des rancoeurs tenaces ou des histoires de coeur bien cachées. Tous obéissent au code des veneurs et s’épaulent face aux loups-garous, au froid des périples en plein hiver, à la faim dans des régions désolées. Tous ont confiance en leur chef, mais en vaudra-t-il la peine ?
En conclusion : Adrien Tomas nous propose une uchronie très réussie sur la figure du loup-garou, mélangeant thriller et fantastique de manière intelligente. N’hésitez pas à rejoindre la troupe des veneurs pour une chasse dont vous ne sortirez pas indemne !
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Un thriller à la construction astucieuse (Partie Spoilers)
Le roman est un récit choral : à chaque chapitre correspond un personnage. Ici, chacun raconte l’histoire de son point de vue et fait ainsi avancer la narration.
Rapidement, un premier personnage meurt lors de la traque, et l’on comprendra qu’en plus de proposer un thriller où le danger est présent partout, l’auteur reproduit le schéma du fameux roman d’Agatha Christie : Les 10 petits nègres.
Chaque personnage commençant un chapitre se verra mourir à la fin. Comment ? Pourquoi ? Le mystère reste entier et va générer un suspense insoutenable pour le lecteur.
Entre histoires internes et manipulation de la Grande louve, les morts se succèdent et chacun va soupçonner l’autre dans l’équipe. Tensions et rancœurs du groupe vont remonter progressivement à la surface comme un lent poison, les éloignant de leur objectif premier.
La traque de la Grande Louve va aussi devenir une lutte pour la survie de chacun où l’on se méfie des bêtes mais aussi des hommes, jusqu’au dénouement final…
J’ai lu ce roman en poche il y a plusieurs années et je me souviens d’avoir adoré justement à cause de cette astucieuse construction. C’était totalement inattendu !
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Oui! Par contre dès que tu t’en rends compte, tu te spoile un peu sur la suite 😅
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Oui et non parce que tu te demandes justement si ça va changer ou pas puis quand ça tombe sur certains perso tu te dis mais comment ça va se dérouler ? L’attente évolue autrement au final. Enfin pour moi en tout cas !
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Le premier tome de Vaisseau d’arcane m’a donné envie de découvrir davantage l’auteur … le fait que ce soit un one-shot est d’autant plus tentant !
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Ouiiii par contre l’univers est totalement différent de vaisseau d’arcane 😁
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Ah oui, indéniablement ! (mais du coup j’ai lu le spoiler (j’assume ^^) et ça me donne encore plus envie de le lire !)
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Ahaha, oui c’est sûr que si tu lis le spoiler ça va te donner encore plus envie de le lire 🤣🤣🤣
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Alors celui-ci il m’intéresse 🙂 Merci pour ce bel article
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De rien. Cet auteur est assez prolifique et aime melanger policier et fantastique ou fantasy
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