Mini-chroniques en pagaille spécial Hanami Book Challenge #1

Sur le principe des mini-chroniques en pagaille de Light and Smell, voici mon retour sur mes dernières lectures pour le Hanami Book Challenge. Plus étoffées qu’un simple commentaire, moins élaborées qu’une vraie chronique, parce que je n’ai pas le temps ou l’envie d’écrire une vraie chronique pour chacun des livres lus…

Hôzuki, Aki Shimazaki, éditions Actes-Sud

Menu Japon d’aujourd’hui – catégorie Gambate !

Résumé : Propriétaire d’une petite librairie d’occasion spécialisée en ouvrages philosophiques, Mitsuko partage ses journées avec sa mère, une ex-détenue qui confectionne de jolis signets de fleurs séchées, et son jeune fils Tarô, un métis sourd et muet. Plutôt revêche et ne cherchant aucune amitié, elle se contente d’amants occasionnels et de discussions intellectuelles avec les riches clients du bar où elle pratique encore le métier d’entraîneuse une fois par semaine.
Un jour pourtant, une femme distinguée se présente à la bouquinerie et, devant la complicité évidente qui s’établit entre son enfant et celui de Mitsuko, elle insiste pour provoquer des visites et des sorties communes. Pour faire plaisir à son fils, Mitsuko surmonte son agacement et accepte ces rencontres. Bien vite, afin de préserver l’équilibre de sa famille, elle devra cependant refaire le choix du mensonge.

Mon avis : Je suis tombée par hasard sur ce livre en bibliothèque et par envie de formats courts, je l’ai emprunté alors que ma PAL était déjà constituée. J’ai appris par la suite qu’il faisait partie d’une pentalogie avec 4 autres romans du même auteur, où évoluent les mêmes personnages. Cela m’a donné envie de lire les autres ! Pour en revenir à l’intrigue, c’est un roman très court (141p) plein de suspense où l’on se glisse dans le quotidien de l’héroïne Mitsuko, de ses difficultés en tant que mère-célibataire et en tant que femme-entrepreneuse, et surtout du mensonge qu’elle cache depuis plusieurs années : Tarô n’est pas son fils biologique. L’arrivée de Mme Sato dans sa vie va bouleverser son quotidien : qui est cette femme bien comme il faut ? que lui veut-elle ? Malgré une fin attendue, j’ai beaucoup aimé l’opposition entre les deux personnages féminins : d’un côté Mitsuko, revêche qui collectionne les amants, joue les entraîneuses ou se prostitue pour de l’argent sciemment, et adopte un enfant abandonné tout en gardant son indépendance. De l’autre Mme Sato, femme de diplomate, distinguée et conformiste, parfaite représentante de l’épouse japonaise comme il faut. Le thème de l’instinct maternel sera très bien abordé dans tout le roman par ces deux personnages ainsi que la mère de Mitsuko. J’ai également beaucoup apprécié le jeu sur le sens de l’écriture japonaise de certains mots, assez bien expliqué dans le roman. Ainsi, le nom de la librairie Kitô peut signifier Prière, mensonge, arbre de glycine ou Hozuki (fleur japonaise) selon la manière dont il est écrit. Enfin, ce qui m’a intéressée est que l’auteur ne dépeint pas un Japon lisse et parfait : Mitsuko et sa famille sont particuliers avec une grand-mère qui a été en prison, un fils discriminé car il est métis et sourd-muet, et Mitsuko qui fait des choses peu reluisantes pour survivre et ne cherche pas à s’intégrer socialement. Même Mme Sato aura elle aussi des secrets honteux qui cassent son image de femme docile. Le seul défaut que je regrette est sa traduction approximative, parfois proche de l’anglais qui peut déranger la lecture par moments.

Les miracles du bazar Namiya, Keigo Higashino, éditions Actes Sud

Menu Japon d’aujourd’hui – catégorie Tokyo by night

Résumé : En 2012, après avoir commis un méfait, trois jeunes hommes se réfugient dans une vieille boutique abandonnée dans l’intention d’y rester jusqu’au lendemain. Mais tard dans la nuit, l’un d’eux découvre une lettre, écrite 32 ans plus tôt et adressée à l’ancien propriétaire. La boîte aux lettres semble étrangement connectée aux années 1980. Les trois garçons décident d’écrire une réponse à cette mystérieuse demande de conseil. Bientôt, d’autres lettres arrivent du passé. L’espace d’une nuit, d’un voyage dans le temps, les trois garçons vont changer le destin de plusieurs personnes, et peut-être aussi bouleverser le leur.

Mon avis : Je suis tombée sur ce roman japonais fantastique après avoir la critique d’un ami blogueur qui en faisait l’éloge. Le voyage dans le temps est une thématique que j’apprécie habituellement dans les romans steampunk, aussi j’étais curieuse de découvrir comment elle était exploitée dans une intrigue contemporaine japonaise. Je n’ai pas été déçue ! L’auteur nous embarque dans deux temporalités différentes : celle des années 80 où vivent les gens qui demandent au conseil au propriétaire du bazar, et celle des années 2012 où les trois voyous sont entrés dans le bazar abandonné. L’alternance entre les deux époques est facile à suivre et le roman est très bien construit et dynamique vis à vis de ces bonds temporels. Il nous est présenté toute une galerie de personnages qui se croisent ou évoluent dans le même quartier que le bazar : un musicien qui souhaite être connu, une sportive qui veut renoncer au sport par amour, une femme enceinte de son amant marié, une future carriériste qui veut gagner de l’argent, un ado qui fugue pour survivre à sa famille, un vieux propriétaire de bazar qui retrouve un sens à sa vie en donnant des conseils aux gens, son fils qui s’inquiète pour lui, trois voyous qui viennent de commettre un vol. On y trouve une forme d’entraide communautaire, le besoin de guérir de blessures du passé, la nécessité de trouver quelqu’un sur qui s’appuyer face à un choix complexe, des envies difficiles à concrétiser, des choix compliqués à assumer. C’est un roman qui questionne sur ses choix de vie et qui montre l’évolution de la société japonaise face à des individus qui sortent de la norme. Au final, bon gré mal gré, chacun trouvera sa résolution, même les voyous qui auront joué leur rôle dans l’histoire. Un petit bijou rythmé comme un roman policier et construit comme des nouvelles liées entre elles. A ne pas manquer !

L’étrange bibliothèque, Haruki Murakami, éditions Belfond

Menu Au temps des traditions – catégorie Le temple abandonné

Résumé : Japon, de nos jours. Un jeune garçon se rend à la bibliothèque municipale. Jusqu’ici, rien que de très banal, le garçon est scrupuleux, il rend toujours ses livres à l’heure. Cette fois, pourtant, c’est d’abord l’employée qui l’envoie dans une salle qu’il ne connaissait pas. C’est un vieil homme, ensuite, qui le mène par les méandres d’un labyrinthe dans ce qui semble bien être une prison. C’est un homme-mouton qui l’y attend, qui aimerait bien l’aider mais qui redoute le pouvoir du gardien des livres.

Mon avis : Dans mon envie de continuer à lire des formats courts, et dans le cadre d’un autre challenge, le Projet Ombre, qui met en valeur les nouvelles, j’ai décidé de lire cette histoire fantastique de Murakami autour d’une étrange bibliothèque. J’avais déjà lu auparavant l’autobiographie de cet auteur Profession Romancier, ainsi que la trilogie 1Q84 et je m’attendais à retrouver cette atmosphère cotonneuse et incompréhensible qui le caractérise. Cela a été le cas mais pas seulement. J’ai eu l’impression d’être dans un rêve inquiétant et grinçant dont la chute, déconcertante, m’a laissée songeuse… au point d’avoir envie de relire la nouvelle pour être sûre de l’avoir bien comprise. Ce jeune garçon enfermé jusqu’à ce qu’il sache par coeur les livres qu’il souhaitait emprunter et qui souhaite s’échapper en oubliant ses chaussures neuves m’a un peu déboussolée. Y avait-il seulement un message derrière cette histoire ? La chute brutale, comme un retour à la réalité m’a fait penser à un rêve qu’aurait pu faire le personnage principal pour échapper à son quotidien trop douloureux. La perte de ses chaussures symboliserait-elle celle de son enfance ? Je me suis inventée bien des histoires à force de voir des significations partout. Toujours est-il que l’auteur m’a bien retournée le cerveau. Peut-être faut-il apprécier le texte juste tel qu’il est ? A côté du texte justement, l’édition Belfond propose les illustrations magnifiques et angoissantes de Kat Menschik qui ajoutent un petit plus à l’histoire. Un joli ouvrage qui interroge…

Birthday girl, Haruki Murakami, éditions Belfond

Résumé : « Je ne vais pas vous offrir quelque chose de matériel. Mon cadeau n’aura rien à voir avec un objet de valeur. En fait, voilà ce que j’aimerais offrir à la merveilleuse fée que vous êtes, mademoiselle. Vous allez faire un voeu. Et je l’exaucerai. Quel qu’il soit. À condition que vous ayez un voeu à formuler. »

Mon avis : Originellement publié dans le recueil Saules aveugles, femmes endormies, cette nouvelle de Murakami mets en scène une ancienne serveuse qui raconte l’histoire de son vingtième anniversaire à un tiers anonyme. Pour cette réédition de Belfond, le texte est accompagné d’illustrations magnifiques et oniriques de Kat Menschik, comme pour l‘Etrange bibliothèque du même auteur. Cette histoire étrange laisse place à l’imagination du lecteur puis le laisse en plan une fois racontée. Quel était donc le voeu formulé par la jeune fille lors de son vingtième anniversaire auprès de ce vieillard étrange qui a réussi à bouleverser sa vie ? Qui était ce vieillard, à part le patron du restaurant pour lequel elle travaillait ? Un récit à la Murakami où une fois de plus, le fantastique fait irruption sans crier gare, vous laissant interrogatif. C’est du moins mon ressenti. Mon imagination s’est en effet emballée : j’ai cherché le voeu de la jeune fille et je me suis même demandée si l’auteur se jouait des gens qui croient au pouvoir des voeux. Car après tout, si l’on y croit assez fort, peut-être que nous ferons inconsciemment en sorte qu’ils se réalisent (du moins, pour ceux où nous avons prise). A méditer.

Quartier lointain, Jirô Taniguchi, éditions Casterman (deux tomes)

Menu Japon d’aujourd’hui – Fly me to Saitama

Résumé : Homme mûr de 40 ans, transporté dans la peau de l’adolescent qu’il était à 14 ans, Hiroshi continue la redécouverte de son passé. Questionnant sa grand-mère, ses parents, ses amis, il réalise tout ce qui lui avait échappé lorsqu’il était jeune. Et petit à petit, l’année scolaire avançant, il voit se rapprocher la date fatidique où son père disparaîtra, pour toujours, sans aucune explication. Peut-il changer son passé ou est-il condamné à le revivre, impuissant ? Et retrouvera-t-il son existence normale, sa femme et ses enfants ?

Mon avis : Avec ce roman graphique en deux tomes, j’ai réalisé un bond dans le passé de Hiroshi qui se situe dans le Japon des années 1960, où les évènements de l’Après Deuxième Guerre Mondiale sont encore présents dans l’esprit des japonais. Malheureusement pour lui, c’est l’année où son père a abandonné sa famille. D’abord ravi de revoir sa mère vivante (dans son futur, elle venait de décéder), il va se donner pour mission de découvrir les raisons du départ de son père et s’efforcer de le retenir. Marqué par la perte de son père dans son enfance, il a reproduit adulte inconsciemment son schéma en étant très peu présent pour sa propre famille, préférant fréquenter les bars après le travail plutôt que de rentrer chez lui. Hiroshi va revivre une nouvelle fois son enfance, s’essayer à d’autres choix, saisir des opportunités pour lui et ses camarades proches, guérir de ses blessures. Il se créera une nouvelle adolescence avec des bêtises liées à ses habitudes de quarantenaire. Ses découvertes l’amèneront à se poser des questions sur lui-même, face à la crise de la quarantaine et à tracer sa propre voie de manière plus sereine. Le roman graphique apporte aussi des éléments sur le Japon d’après-guerre et la reconstruction du pays, les drames familiaux, les choix de vie des japonais. Il montre également l’opposition entre la ville et la campagne. C’est l’histoire d’un temps passé mis en valeur par les dessins réalistes de Jirô Taniguchi, parfois proches du documentaire.

A nous deux Paris ! Jean Paul Nishi, éditions Philippe Picquier

Hors Challenge

Résumé : Quand un jeune Japonais découvre dans ses pérégrinations humoristiques et ironiques les travers de la vie parisienne. Il scrute et déchiffre en images notre quotidien dans ses moindres détails, comme le ferait un Florent Chavouet à Tokyo, et apprend à ses risques et périls les charmes de la France que nous découvrons dans ce livre comme dans un miroir.

Mon avis : Je n’avais pas prévu de lire cette BD car elle se situe hors challenge, mais je n’ai pas pu m’en empêcher. A nous deux Paris, ce sont des petites scènes du quotidien de l’auteur, alors mangaka japonais débutant, lors de son année en France. Venu à l’origine pour travailler dans sa branche et découvrir le format franco-belge, il va finir dans une épicerie asiatique alors qu’il ne parle pas français. Autant dire que cela commence mal ! Parfois drôles, parfois curieuses, ses réflexions sur les différences culturelles entre notre pays et le sien font souvent réfléchir. Quelques histoires se démarquent comme le fait qu’il n’a pas les bons codes pour draguer des filles françaises, ce qui se traduit par des bides complets. Sa visite d’une convention française sur le Japon est aussi intéressante quand il est confronté à des français habillés en cosplay ou en écolières, ou à l’inverse quand des français sont éberlués que ce japonais ne connaissent pas le jeu de go. On apprend que la sauce soja est une invention pour les occidentaux car elle n’existe pas au Japon, tout comme l’absence d’assistants mangakas en France alors qu’ils sont légion au pays du soleil levant. On rit devant les français amoureux du Japon qui le stalkent et essaient de lui parler japonais, ou quand Jean-Paul essaie de comprendre comment fonctionne la bise française. Le pompon restera pour moi l’attitude des japonaises quand elles viennent à Paris : émerveillées ou déçue par la capitale, prenant l’appartement de Jean-Paul pour un hôtel avant de repartir chargées de cadeaux pour leurs amis. Une petite pépite à découvrir pour porter un autre regard sur notre pays, par un japonais malgré tout curieux de notre culture.

Et vous ? Où en êtes-vous dans ce challenge ?

Avez-vous lu un des livres dont je vous ai parlé dans cet article ?

Dites-moi tout en commentaire ! 🙂

Sauce soja et Onigiri,

A.Chatterton

10 réflexions sur « Mini-chroniques en pagaille spécial Hanami Book Challenge #1 »

  1. J’ai eu un gros coup de cœur pour Namiya c’était un roman vraiment extra ❤️ et merci pour toutes ces découvertes !!

    Aimé par 1 personne

    1. De rien. J’ai beaucoup aimé namiya. L’auteur écrit aussi des romans policiers. Ça se ressent dans la construction. L’avantage c’est que c’est du fantastique facile à comprendre comparé à Murakami 😅

      Aimé par 1 personne

      1. Je n’ai encore jamais lu Murakami donc je ne peux pas vraiment dire ^^’

        J’aime

  2. Judith - Les chasseuses de livres 27/06/2021 — 11 h 56 min

    J’ai lu presque tous les Haruki Murakami sauf ceux que tu as présenté ^^ Mais pas de panique ils sont dans ma PAL ! Bon cette année je suis à la bourre pour le challenge mais 2022 me voilà sans aucun doute !!

    Aimé par 1 personne

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