Lu dans le cadre du Projet Ombre pour mettre en avant le genre de la nouvelle, mais aussi dans le cadre de mon projet Parlons Steampunk #1 en lien avec la magie et le steampunk, je me suis régalée avec ce recueil de nouvelles consacré à l’univers d’Ambremer créé par Pierre Pevel. Voici ce que j’en ai retiré…
Résumé du recueil : « Bienvenue dans le Paris des Merveilles, un Paris qui n’est ni tout à fait le nôtre, ni tout à fait un autre… et qui, désormais, n’appartient plus seulement à votre serviteur. Dans ce recueil, vous découvrirez six nouvelles situées dans le monde du Paris des Merveilles. Je suis l’auteur de deux d’entre elles, les quatre autres étant l’oeuvre de jeunes plumes – parfois débutantes mais toujours talentueuses – qui se sont approprié l’univers d’Isabel, Griffont et Azincourt pour, je l’espère, votre plus grand plaisir… » Pierre Pevel
Mon avis sur le recueil :
Ce recueil est composé de 6 nouvelles autour de l’univers du Paris des Merveilles de Pierre Pevel. Il comprend deux nouvelles originales de l’auteur et 4 autres d’auteurs différents sélectionnés lors d’un appel à textes par l’éditeur Bragelonne. Même si les autres auteurs ont chacun leur style, on sent une grande cohérence dans ce recueil, comme si Pierre Pevel se cachait derrière eux. L’imagination de Catherine Loiseau, Sylvie Poulain, Benjamin Lupu et Bénédicte Vizier est prolifique : ils ont réussi à étendre l’univers d’Ambremer ou à développer des personnages déjà présents dans la trilogie originale. Ce recueil est un vrai petit bijou fait par des fans et pour des fans de Pierre Pevel.
Afin de mieux évoquer chaque nouvelle, je vais à chaque fois réaliser un petit résumé avant de donner mon avis. Comme il n’y en a que 6, ce sera plus simple que pour certains recueils.
Veni, Vidi, V… de Pierre Pevel ( Une aventure d’Isabel de Saint-Gil et Louis Denizart Hippolyte Griffont)
Résumé : Un soir d’orage magique, Isabel de Saint-Gil voit débarquer chez elle un félin ailé mécanique doué de vie mais en piteux état. Bien décidée à ne pas le laisser mourir et surtout intriguée par l’existence même du chat (ce type d’automate vivant n’existe pas à Ambremer), elle fait appel aux services de son cher mage Louis Griffont. L’aventure les mènera bien plus loin qu’on ne le pense…
Avis : Une nouvelle à l’intrigue bien menée où l’on retrouve l’éternel duo Saint-Gil/Griffont et le ton espiègle de l’auteur. Le mystère du chat ailé, invention fort steampunk, est passionnante à suivre. On notera au passage la rencontre avec un personnage historique important revisité façon charmeur, qui causera une petite crise de jalousie de la part de Griffont. Ainsi que la découverte d’un gnome-mage inventeur, créature inédite dans l’univers d’Ambremer.
L’urne de Râ, Catherine Loiseau
Résumé : Gabrielle Châtelet, jeune fille de bonne famille visite une exposition dédiée à l’Egypte Antique au musée du Louvre, accompagnée de sa famille et de sa gouvernante Suzanne Roc Peregrine de la Touche, quand dans une salle consacrée à des urnes funéraires, elle se fait agresser par un homme mystérieux. Suzanne intervient en utilisant son épingle à cheveux qui n’est autre qu’une baguette magique afin de protéger la jeune fille. C’est ainsi que Gabrielle découvre que sa gouvernante est une magicienne retirée du Cercle de Cyan suite à des déconvenues personnelles. Mais aussi que l’une des urnes égyptiennes de l’exposition est convoitée par l’homme et que des gardiens sont morts dans la salle où elle est entreposée. Gabrielle va embarquer Suzanne malgré ses protestations dans une enquête aux ramifications fort égyptiennes…
Avis : C’est la nouvelle que j’ai le moins aimé dans le recueil, à cause de son style et de quelques longueurs. Néanmoins, elle aborde des sujets importants que l’on retrouve dans l’univers de Pevel : le sexisme dont les femmes magiciennes sont victimes à l’intérieur de leur propre cercle de magie, le destin tout tracé des jeunes filles destinées au mariage, les mauvais côtés des cercles de magie en général. Une jolie histoire empreinte de féminisme qui flirte avec la mythologie égyptienne.
Les Révoltés d’Argecimes, Sylvie Poulain
Résumé : C’est le jour de l’inauguration d’une voie aérienne entre Paris et Ambremer. A cette occasion, une course d’aéronefs est organisée à Issy-Les-Moulineaux mais l’évènement tourne vite au drame. Elisabeth d’Arbois, magicienne du cercle de Cyan et aviatrice participant à la course, se voit plongée dans une enquête mêlant attentat terroriste et Histoire des guerres d’Ambremer contre les dragons.
Avis : C’est une nouvelle très intéressante à plusieurs points de vue que nous propose Sylvie Poulain. Elle aborde, comme Catherine Loiseau, le côté sexiste des cercles de mages parisiens, avec Elisabeth plus ou moins aidée dans son enquête car elle est une femme. Mais elle invente surtout une histoire autour des elfes d’Ambremer et pour certains leur exil chez les humains, dévoilant ainsi un pan de l’univers complètement inédit. Les thèmes du terrorisme et du racisme anti-êtres magiques et sa réciprocité anti-humain que l’on trouve dans l’oeuvre originale de Pevel sont aussi mis en avant. Elisabeth, comme Pevel nous fait voyager dans Paris de manière très juste, allant d’Issy à l’hôpital du Val de Grâce, pour finir aux Buttes de Montmartre. Une belle balade parisienne avec une fin touchante. C’est ma nouvelle préférée du recueil.
Les Portes de l’Outre-monde, Benjamin Lupu
Résumé : Louis Griffont est engagé par la compagne du sculpteur Rodin pour l’aider à sortir de sa folie créatrice. En effet, Rodin a décidé de reproduire une oeuvre détruite des années auparavant lors d’un attentat anti-magie : les portes de l’Outre-monde, censée sceller l’amitié entre Ambremer et les humains. En allant inspecter l’artiste et sa maison, le mage découvre plusieurs éléments perturbants : le sculpteur agit de manière bizarre et psychotique, l’ensemble de ses domestiques ont disparu, et surtout la plupart de ses sculptures semblent vivantes…
Avis : Cette nouvelle enquête va nous plonger dans une partie de l’univers jusque là peu étudiée : le Mouvement féériste. Benjamin Lupu nous dévoile une nouvelle manière de créer pour les artistes, en utilisant la magie, suite à l’arrivée d’Ambremer chez les humains. Malheureusement, cela ne sera pas sans conséquences : à nouveau, les cellules terroristes anti-magie sont abordées, et pire, cet art où tout semble vivant, sera conspué par une partie de la communauté artistique humaine. On retrouvera d’ailleurs Edmond Falissière, ambassadeur humain auprès de la cour d’Ambremer, reconverti en spécialiste d’Art féérique qui fera les frais de cette inimitié anti-magique. Un récit innovant vis à vis de l’oeuvre originale de Pevel qui étoffe davantage son univers.
Une enquête d’Etienne Tiflaux, détective Changelin, Bénédicte Vizier
Résumé : Etienne Tiflaux, changelin (ou métamorphe), a quitté la police pour lancer son cabinet de détective, suite à ses déconvenues dans Le Royaume Immobile de Pierre Pevel. Il se voit confier une enquête qui pourrait bien lancer sa carrière : retrouver la fille disparue d’un magicien du cercle d’Or. Mais la tâche n’est pas facile d’autant que Sergej Lukowski lui cache bien des secrets. Une aventure qui mêlera magie, sciences et romance.
Avis : Bénédicte Vizier a eu le génie de faire évoluer un personnage déjà évoqué chez Pierre Pevel qui a décidé de devenir détective, sans que l’on en sache plus dans le Royaume Immobile. Pari réussi ! Le changelin, dont la famille a toujours été dans les arts du spectacle, a décidé d’utiliser ses talents de camouflage et son flair infaillible pour les mettre au service d’enquêtes privées. Ici, il sera question de la disparition de la fille d’un mage qui étudie les sciences à l’université (avec le progressisme que cela apporte vis à vis de la Belle-Epoque, et ses revers sexistes). Tiflaux fera face à la folie d’un personnage obsédé par la création d’une machine mêlant sciences et magie, et rencontrera une figure historique très connue. Une enquête aux ramifications surprenantes qui interroge les limites de la magie et de l’amour. (Je ne peux pas trop en dévoiler sans vous spoiler l’histoire).
Sous les ponts de Paris, Pierre Pevel
Résumé : Saviez-vous que sous chaque pont de Paris vivait un troll et que depuis longtemps, ils assuraient la solidité du pont en échange d’un droit de passage ? Dans cette histoire, le mage Griffont et la Baronne de Saint Gil joueront les conciliateurs auprès de l’ensemble des trolls des ponts de Paris pour que les humains comme les êtres magiques s’arrogent de leur quittance de passage qu’ils ont bien des difficultés à obtenir.
Avis : Cette nouvelle est tout simplement fabuleuse. On y retrouve le génie et l’imagination délirante de Pierre Pevel qui s’amuse à inventer des types de trolls en fonction de l’Histoire de chaque pont. Derrière, on sent un travail historique important, mais aussi l’envie d’ajouter une touche de féérie à notre quotidien. A l’issue de la réunion des trolls, les actions proposées par Isabel de Saint Gil seront hilarantes. J’ai passé un excellent moment avec cette histoire bourrée d’espièglerie, qui tacle au passage les services d’administration et les grèves parisiennes.
En conclusion : Une anthologie de nouvelles très bien menée qui nous dévoile un peu plus l’univers du Paris des Merveilles par des lecteurs assidus de la trilogie. Pierre Pevel comme les autres auteurs du recueil, a le don de nous apporter un peu de magie et de steampunk dans notre réalité quotidienne et cela fait du bien.
Ah, j’avais tellement aimé le Paris des Merveilles ! Je me rajoute ces nouvelles sur ma liste, ça va forcément me plaire de ce que je lis dans ta chronique !
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