La cité des chimères, Vania Prates, Snag éditions

Dans les cinq finalistes du PLIB 2020, je me suis empressée de lire ce livre afin de finaliser mes choix de vote. Malgré quelques bonnes idées, je suis restée sur ma faim. Voici mon avis et les raisons pour lesquelles je ne voterai pas pour ce roman.

Résumé : Le monde tel qu’on l’a connu a disparu. Chaos, misère, famine … Les Hommes ont enfin trouvé un équilibre et se sont organisés en guildes, guidé par leur chi, leur nature profonde. Guilde des Marchands, des Inventeurs, des Alchimistes, des Gardiens ; tous demeurent fidèles à ce qu’ils sont afin de vivre en harmonie avec la nature et les animaux particulièrement respectés, créant une cité semblable à une ville sylvestre. Dans ce monde proche de l’utopie, Céleste, une jeune fille de 17 ans, n’a pas de chi. Le jour où elle rencontre Calissa, mystérieuse contrebandière, elle est loin de se douter qu’elle va se retrouver embrigadée bien malgré elle dans une histoire complexe qui même non seulement le dirigeant de Lowndon Fields, mais également la très redouté « Confrérie des Sans-loi ». Entre ruse, savoir, intrigues et faux-semblants, Céleste va devoir changer sa vision du monde.

Mon avis

Attention, cette chronique comprend des spoilers concernant le roman en troisième partie.

Par ailleurs, comme je suis tenue dans le cadre de mon engagement de jurée du PLIB d’écrire une chronique sur ce finaliste, j’ai dérogé à ma sacro-sainte règle de ne pas parler des livres que je n’ai pas aimés.

Un univers original 

L’auteure développe deux intrigues en parallèle dans un univers utopique/ post-apocalyptique avec de la magie, et où la nature a repris ses droits. On vit à l’ancienne et on collecte des objets d’avant l’apocalypse tout ignorant  leur utilisation.

Dans cet univers, chacun dispose d’un talent inné (ou Chi) qui révèle à l’adolescence leur nature profonde. Certains sont rassemblés en guildes, d’autres agissent en solitaire. Certaines guildes sont rassemblées à Septentria, sorte de château magico-mécanique protégé par les Gardiens, des humains capables de communiquer avec les animaux. Là, les  immergeants plongent littéralement dans leurs lectures pour en apprendre davantage sur l’ancien monde, les alchimistes réalisent des inventions, les médecins inventent des remèdes… A la fois craintes et vénérées, ces guildes apportent la connaissance au peuple mais restent aussi très secrètes sur leurs activités. Et surtout, elles sont une entité à part entière, opérant sans le dirigeant de la ville et son conseil de notables.

Une guilde reste mystérieuse par sa disparition soudaine : celle des chiméristes à laquelle appartient Calissa, une des deux héroïnes principales de l’histoire. Cette énigme sous-tendra l’ensemble du récit.

Le roman se compose de deux intrigues en parallèle : un roman d’apprentissage associé à la découverte de Septentria et du pouvoir de Céleste et un roman d’espionnage avec Calissa, engagée par le dirigeant de Lowndon Fields pour connaître celui qui a tenté de l’assassiner.

Les deux histoires vont s’entremêler avec la rencontre des deux jeunes femmes occasionnant d’autres sous-intrigues dont une sur l’Histoire des guildes et une autre sur un complot politique.

La partie concernant le pouvoir des immergeants m’a beaucoup intéressée car elle développe l’imaginaire et reste un sujet d’étude intéressant quant à l’écriture de mon propre roman. Elle soulève également des questions éthiques importantes sur la censure et le droit (ou plutôt la nécessité) de ne pas savoir certaines choses afin de ne pas devenir fou. L’idée de laisser les immergeants évoluer dans un château avec des pièces oniriques pour éviter qu’ils restent ancrés dans la réalité m’a aussi semblé original : une bonne métaphore de l’expression « avoir la tête dans les nuages ».

Des personnages travaillés

L’univers de la Cité des chimères est peuplé de personnages à la psychologie élaborée qui ne m’ont pas laissée indifférente. Excepté le personnage de Céleste que j’ai trouvé trop naïf au point de vouloir lui coller des gifles, j’ai apprécié l’évolution de tous.

Immature, incapable de cacher ses émotions, peu combative face à l’opinion de sa famille, Céleste prend de l’assurance au fil du roman jusqu’à avoir pleinement confiance en ses capacités. Mais le chemin est long avant d’y parvenir ! Son bracelet d’humeur apporte une touche d’humeur inattendue aux moments les plus inopportuns.

Calissa quant à elle,  cache ses émotions tout comme un lourd passé. Dernière survivante de sa guilde, elle se compose un personnage de contrebandière et s’est recrée une famille :  la Confrérie des sans lois. Elle est mystérieuse mais on devine, derrière sa carapace de dure à cuire, une fragilité liée à son envie de retrouver sa famille de chi et un profond désir de justice.

Daniel, l’immergeant fils à papa de Septentria a un caractère de cochon et semble indifférent à tout ce qui l’entoure au début du roman. On découvrira qu’il peut faire preuve de profondeur et de maturité. Son cynisme et son jugement infaillible sur les gens permettra de faire mûrir Céleste et d’aider à la progression de l’enquête autour de la guide des Chiméristes.

Les membres de la Confrérie des Sans Lois ont tous un passé et une personnalité très sympathique malgré leur côté rebelle. On compte un ancien ninja qui a renié sa guilde pour suivre son chi, un mystificateur qui cache son don, une gardienne au grand coeur et son furet voleur…Ils sont liés par une envie de justice, mais aussi l’amour du danger (pour certains).

Alexian, à travers son don interroge sur la question de l’héritage familial et des choix que l’on fait dans sa vie. Je l’ai trouvé très intéressant de ce point de vue, en plus de son côté espiègle qui permet d’alléger l’histoire par moments.

Même les frères de Céleste ont un intérêt et représentent la bêtise de la population vis à vis de la réputation de Septentria, et surtout le personnage du marchand peu scrupuleux. Soucieux de faire prospérer leur entreprise, ils exploitent leur soeur Céleste qu’ils estiment bonne à rien car sans chi.

Quelques bémols (Attention Spoilers)

Concernant l’intrigue, j’ai eu du mal à accrocher au départ, du fait des longueurs présentes dans la première partie du roman. Et j’ai bloqué sur l’histoire du chi, dès le début du récit. Pour moi, le Chi représente l’énergie vitale chinoise. Quand j’ai vu le terme dans le récit, j’ai aussitôt pensé qu’on allait parler d’Asie. Cela m’a induit en erreur jusqu’à ce que le terme soit expliqué dans un chapitre. Je précise que je n’avais pas lu le résumé du livre avant ma lecture.

Par ailleurs, j’ai l’impression d’être passée à côté de la partie apprentissage de Céleste car j’étais plus intéressée par l’intrigue de Calissa. Cela est dû peut-être à deux choses : d’une part, je suis fan des romans d’espionnage mettant en scène des personnages marqués par la vie et Calissa remplit ces cases, avec des rebondissements inattendus à la fin du récit dignes d’un braquage.

D’autre part, l’histoire de Céleste, quoique intéressante sur la partie immergeante, m’a parue fade car je n’ai pas accroché au personnage. Je crois que j’ai lu trop de romans d’apprentissages pour être facilement surprise par les intrigues de ce genre. Par exemple, j’ai noté quelques références subtiles à Harry Potter (où je l’ai peut-être rêvé?) comme la présence des labyrinthes de Septentria, qui ressemblaient aux escaliers volants de Poudlard dans leur fonctionnement. Pour le coup, j’ai trouvé son histoire de trop, même si elle contribue à faire avancer l’énigme de la disparition de la Guilde des Chiméristes.

Au sujet de l’univers, je suis restée sur ma faim concernant le côté post-apocalyptique utopique. A quel moment les gens ont pu oublier l’utilité de certains objets ? Quand a eu lieu ce grand Boum qui a tout détruit ? Est-ce que tout était lié à un événement magique ? Ce roman est censé être une introduction à l’univers car un deuxième tome est prévu. Je comprends l’idée de laisser des questions en suspens, mais là, il m’a semblé que je ratais quelque chose.

Je n’ai pas compris non plus l’utilité d’inclure les chimères dans cet univers ni l’importance de l’histoire de la Guilde des Chiméristes qui m’a semblé de trop. Quel est le rôle des chimères dans cet univers ? A aucun moment, nous n’avons l’impression qu’elles représentent un danger permanent pour la ville. Elles n’apparaissent qu’une seule fois dans l’histoire, quand Calissa en chasse une dans l’un des chapitres. On voit que c’est un monstre… mais où vivent-elles ? Que font-elles ? Mystère… Je suis donc restée sur ma faim à nouveau.

Pour finir, même si j’ai beaucoup apprécié les personnages (sauf Céleste), il m’a semblé lire une esquisse de ce qu’ils pourraient être. J’espère que l’auteure les développera plus dans le second tome à venir.

En conclusion : Un premier tome avec de bonnes idées, qui permet d’introduire un univers intéressant avec des personnages attachants, mais qui manque de profondeur pour un public adulte. Je pense qu’il intéressera plutôt un public adolescent (beaucoup moins pointilleux que moi) et j’espère que la suite permettra d’élucider l’ensemble des points laissés en suspens et de découvrir un peu plus les personnages.

4 réflexions sur « La cité des chimères, Vania Prates, Snag éditions »

  1. Personnellement j’ai abandonné ce titre car je ne suis pas parvenue à accrocher à l’histoire à cause du personnage de Céleste que je trouvais gonflante et peu intéressante. En comme toi pour le plib j’ai du déroger à ma règle de ne pas parler de romans que je n’ai pas aimé.. J’avais écrit un article conjoint pour celui ci et félines d’ailleurs, deux gros échecs à mon goût. En tout cas bravo pour ton retour qui met en avant de nombreux aspects du roman et pour ton recul face à tes propres sentiments, c’était intéressant à lire !

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    1. Merci. J’ai encore felines à chroniquer pour dimanche. J’essaie d’être juste dans mes critiques même si ce n’est pas très positif. Le but n’est pas d’être blessant mais d’expliquer ce qui m’a déplu. Ce qui est dur c’est de lire un livre qui ne me plaît pas jusqu’au bout pour écrire une chronique dessus pour tenir mon engagement de jurée.

      Aimé par 1 personne

      1. En tant que jurée tu as le droit d’abandonner le roman si tu as lu au moins 10% de celui ci. C’est ce que j’ai fait avec la cité et avec félines même si je me sentais mal à l’aise mais c’était juste pas possible pour moi. Pour le premier je m’ennuyais juste mais félines j’ai détesté les 50 premières pages j’y ai vu plein de problèmes so… En tout cas courage pour cette dernière ligne droite !

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