Les tribulations d’Esther Parmentier, Cadavre haché, vampire fâché, Maëlle Desard, Rageot éditions

Une lecture légère et amusante pour l’été, cela vous tente ? Faites la rencontre d’Esther Parmentier, une fille ordinaire qui se découvre sorcière de bas niveau et embarquée comme stagiaire dans une sorte de police magique. Réussira-t-elle à s’en sortir avec son caractère de cochon et ses complexes ? Pour cela, entrons dans ce premier opus hilarant…

Résumé : Esther Parmentier a quitté sa Bretagne natale pour un stage à Strasbourg dans une société informatique quand elle est repérée par l’Agence de Contrôle et de Détection des Créatures Surnaturelles. Car Esther est une sorcière. À peine remise de cette découverte, et des tests visant à déterminer ses capacités, Esther apprend qu’elle n’a pas plus de pouvoirs qu’une allumette mouillée. Sa note sur l’échelle des pouvoirs est historiquement basse : 2 sur 82. Mais Esther est dotée d’un caractère de cochon, de solides capacités de déduction et est capable de résister aux pouvoirs de séduction des Créatures. Malgré son faible score, l’Agence décide donc de l’embaucher comme stagiaire.

Mon avis

Esther, un personnage à part entière

Dès le départ, l’auteure nous propose un personnage attachant qui n’a pas la langue dans sa poche et bourré de complexes. Esther a 19 ans, des bourrelets en trop, des cheveux ultra-rebelles, a la phobie du sport et déteste absolument l’été. Pas de bol, à Strasbourg où elle fait son stage de comptabilité, c’est la canicule !

Ajoutez à cela une mère qui lui a piqué son petit-ami, une addiction aux jeux-vidéos et sa propension à se fourrer dans des situations qui lui valent des ennuis et vous aurez un portrait en règle de sa petite personne.

Même quand elle se découvre un don de sorcière, il s’avère nul (sorcière de niveau 2 !). Cependant, la petite rousse a plus d’un tour dans son sac et va se révéler une enquêtrice hors pair lors de cette première aventure.

Accompagnée de son tuteur, le ténébreux vampire Loan, qui ne peut pas la piffer, de Mozzie un fantôme ultra-connecté, de Marine une Banshee invisible qui ressemble à une poupée Bratz, de Roger un papi-goule, de Dario le Djinn exhibitionniste et du capitaine Verner un loup-garou à moustache, elle va devoir s’adapter à son nouvel univers et résoudre une enquête autour d’adolescents disparus. Compliqué pour des débuts !

Moi qui ne supporte pas la chaleur, j’ai plus qu’acquiescé aux récriminations d’Esther sur les gens aux aisselles puantes dans les transports en commun ou encore le port de la veste en cuir qui devrait être interdit au-dessus de températures dépassant 24 degrés.

J’ai ri de son franc-parler, de ses prises de becs avec Loan, des situations dans lesquelles elle réussit à se fourrer sans le vouloir, des personnages secondaires tout aussi barrés.

J’ai ri aussi du décalage entre l’équipe (bien calée sur la magie mais pas la modernité) et Esther qui est bourrée de références geeks ou tout simplement au 21ème siècle auxquelles le vampire, le loup-garou ou le Djinn ne comprennent rien.

Ce personnage change des héroïnes parfaites habituelles trop lisses qui sont parfois agaçantes de perfection. Esther qui dit ce qu’elle pense, avec parfois un peu de culot et une touche d’humour, et on a l’impression qu’elle est une sorte de porte-parole du lecteur qui casse les codes de l’univers établi dans ce livre. Et ça fait du bien !

Une enquête aux multiples rebondissements

Au-delà du côté humoristique du livre et de son personnage principal haut en couleur, on trouve une enquête policière qui nous mène du côté des vampires mais aussi d’un challenge internet : le Ghost Challenge. Sous couvert du challenge, des jeunes adolescents disparaissent mystérieusement.

Le corps de l’un d’entre eux est retrouvé par l’ACDC (=l’Agence de Contrôle et de Détection des créatures, on sent que l’auteure s’amuse !) où Esther est stagiaire. Voilà notre héroïne partie avec l’agent Loan sur les traces des vampires et d’un trafic de venin et la découverte d’autres organisations : des terroristes magiques, une association réclamant l’indépendance des goules, le conseil des anciens vampires, etc…

La fine équipe ralliera plusieurs villes : Montpellier, la Bretagne, et rencontrera d’autres agents dans des bureaux tout aussi pourris que ceux de l’ACDC, ainsi que d’autres créatures magiques plus ou moins amicales.

Sans vouloir en dévoiler plus, vous irez de révélations en révélations autour de l’univers magique mais aussi du passé des personnages, qui feront avancer progressivement l’histoire.

La fin de l’enquête, sur les 20 dernières pages est plutôt bien menée et ne vous laissera pas sur votre faim.

L’auteure a su conclure efficacement l’enquête ainsi que plusieurs arcs narratifs avancés dans l’histoire. Un autre tome est à prévoir, mais il sera plutôt centré sur les origines magiques d’Esther et son apprentissage de sorcière, amenant une autre enquête.

Un univers basé sur la discrimination

Dans ce premier opus, nous apprenons en même temps qu’Esther l’existence d’un univers magique dans une autre dimension auquel on accède par des portails créés par des sorcières. Cet univers est réglementé par un organisme appelé le CRIS qui régit également le comportement des créatures magiques sur terre.

Les créatures magiques sont le fruit de l’union entre des êtres Sidhiens et des humains : Sorcières, Djinns, Loup-garous… Mais tous ne sont pas au même niveau.

Les sorcières sont en haut de l’échelle grâce à leur capacité à ouvrir des portails, importants pour les échanges commerciaux ou de nourriture avec la terre. Les loup-garous sont souvent des chefs de meute ou d’équipe grâce à leur capacité à se faire obéir des autres créatures.

A l’inverse, les vampires et les goules sont mal-aimés. Les premiers à cause de leur côté rebelle et imprévisible, et parce qu’ils se nourrissent des humains. On les appelle les sangsues. Les seconds parce que ce sont des créations de vampire qui n’obéissent qu’à eux. On les appelle les asticots.

Les goules sont un cas à part, et vraiment en bas de l’échelle sociale. Ils sont à la fois craints car ils se nourrissent de chair en décomposition et savent se battre férocement, mais aussi utiles pour retrouver les souvenirs d’une victime par des visions en mangeant une partie de son corps. Ce sont des créatures issues d’humains trop souvent mangés par des vampires qui se sont métamorphosés à cause du venin injecté par leurs maîtres.

Certaines goules se revendiquent libres, sans maîtres ce qui a pour effet d’attiser une animosité de la part des vampires, craignant de voir ces créatures échapper à leur contrôle et exister sans eux, mais aussi les tuer sans sommation.

A travers cette enquête, on verra que le statut de goule s’apparente presque à une forme d’esclavage moderne, mettant les vampires du côté des racistes.

L’agent Loan est également l’objet de discriminations car il est le seul vampire de l’Agence. Il est méprisé à la fois par ses collègues agent car il est un suceur de sang, mais aussi par les vampires car il travaille avec l’ennemi.

Quant à Esther, elle cumule plusieurs discriminations dans cette histoire : en plus d’être rabaissée comme stagiaire sans expérience (alors qu’elle a plus de jugeote que toute l’équipe réunie), et sorcière de bas étage, elle est victime de grossophobie. La scène de sa rencontre avec la responsable de l’agence de détection et contrôle des créatures magiques de Montpellier est assez éloquente sur le sujet. Cependant, la rouquine ne se démonte pas et use de son intelligence et de sa gouaille pour rabattre le caquet de ceux qui se moquent d’elle. Une belle leçon de vie.

Quelques bémols :

Quand j’ai commencé le roman, je suis tombée sur quelques clichés (ex : le vampire habillé comme Neo dans Matrix) et j’avais l’impression de comprendre en quelques pages une intrigue avec de grosses ficelles. Que nenni ! J’ai bien fait de persévérer car le dénouement m’a bluffée.

Destiné à un public jeunesse, je trouve que ce livre se lit aussi bien du côté des adultes. Je n’ai pas compris pourquoi il était classé en Young adult et j’ai l’impression qu’il rate son public. Le fait que l’héroïne ait 19 ans, évoque des références modernes à internet et la présence de langage sms à un moment donné de l’intrigue ne justifie par cette catégorisation à mon sens. Au contraire, je trouve qu’Esther a des réflexions très matures concernant l’enquête pour son âge. La même enquête avec une héroïne un poil plus âgée mais assumant son côté geek ne m’aurait pas choquée.

Pour revenir au langage sms utilisé par Esther en milieu de roman, j’ai été agacée de sa traduction en bas de page. Non pas que cela soit inutile pour ceux qui ne maîtrisent pas cette forme d’expression, mais l’utilisation du langage soutenu m’a parue incongrue. A moins qu’il ne s’agisse d’une forme d’humour…

En conclusion : Maëlle Desard introduit parfaitement son univers pour ce premier tome, à travers le personnage déjanté d’Esther, et nous propose dans un style frais à l’humour décalé, une enquête aux multiples rebondissements. Un roman d’été qui vous fera pleurer de rire.

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