L’imparfé (T1), Johan Heliot, Gulf Stream éditeur

Joli roman initiatique, L’imparfé m’a beaucoup plu par sa fraîcheur et son thème du contes de fées non genré. Laissez-moi vous faire découvrir la plume de Johan Heliot, un auteur reconnu et pré-sélectionné cette année pour le PLIB 2020.

Résumé : C’est le grand jour pour Tindal et ses amis : au royaume de Faërie, l’intendance de la capitale vient chercher les adolescents qui sont dans leur treizième année pour leur faire intégrer des formations prestigieuses. Les jeunes garçons s’en vont à l’École des guerriers, apprendre le maniement des armes. Les jeunes filles, elles, se destinent à protéger la nature en pratiquant l’art de la magie ancienne des dames fées. L’enjeu est grand, seuls les meilleurs des novices poursuivront leur apprentissage. Tout ne va pas se passer comme prévu : l’empire est attaqué par un être que l’on pensait déchu depuis les Batailles Sans Merci, et l’ordre risque bien de ne jamais revenir en Faërie… Quant à Tindal, sa destinée qu’il pensait toute tracée dépasse de loin tout ce qu’il aurait pu imaginer.

Mon avis 

Un conte de fées revisité

Le héros de cette histoire, Tindal, est un garçon petit et fragile, obligé de suivre l’apprentissage des fées à cause d’une erreur administrative. Cela paraît drôle du point de vue extérieur, mais lui va très mal le vivre. En plus d’attirer la honte sur ses parents et son village, il va devoir dormir dans un placard (car le dortoir est dédié aux filles), et surtout subir les moqueries de ses camarades féminines.

Mais, du côté du pensionnat des guerriers, l’ambiance n’est pas plus sympathique pour ses amis garçons, avec des corvées discriminantes pour les plus faibles, et la brutalité mise en avant au détriment de l’intelligence et de l’esprit d’équipe.

On se rend vite compte qu’à partir d’une erreur administrative anodine,  Johan Heliot met en avant l’absurdité d’un univers complètement genré et rigide : celui des contes de fées traditionnels.

Par ailleurs, en plus de revisiter le genre, l’auteur tacle au passage l’administration tatillonne et certains clichés de romans d’aventures : la loi du plus fort n’est pas toujours la meilleure, être un bon soldat ne mène nulle part, préserver les princesses les vouent à un ennui mortel, les privilèges permettent d’évoluer plus rapidement que les autres, les apparences sont parfois trompeuses…

Dans ce nouveau conte de fées, les filles peuvent devenir des guerrières et les garçons des fées, les princesses peuvent sortir de leur tour d’ivoire, les fées tirent leurs pouvoirs des couleurs et les méchants sont plus complexes que prévu. Un pari réussi pour ce premier tome qui pose les bases de l’univers tout en nous présentant un héros qui brille par son intelligence et son esprit d’équipe, plus que par sa force physique.

Une réflexion subtile sur le passage à l’âge adulte

A travers les yeux de Tindal, l’auteur nous met à la place des enfants qui perdent leurs illusions vis à vis des adultes. Le meilleur exemple est celui des héros d’autrefois, encensés par les garçons, et finalement devenus des vieillards et des alcooliques. Mais il y aura aussi une déception concernant l’entrainement militaire très difficile et les décisions politiques du roi, dictées par la peur et le besoin de répression.

Mais après tout, perdre ses illusions, n’est-ce pas grandir ? Pour ce faire, les enfants vont devoir ne compter que sur eux-mêmes, et surtout sortir des rangs bien ordonnés que la société a décidé pour eux. Un beau message renforcé par des valeurs importantes comme l’amitié, l’amour filial, et surtout accepter d’être soi-même.

L’autre côté de l’apprentissage, ce sera aussi de comprendre la complexité des décisions à prendre dans sa vie d’adulte, et leurs conséquences. Tindal en fera les frais une fois ses origines découvertes, tout comme Azazelle, les fées vénérables et le roi, en cherchant à protéger le pays mais aussi ses habitants.

En plus d’apprendre à grandir, ce roman jeunesse aborde le fait d’être différent avant tout et d’apprendre à l’accepter pour mieux s’intégrer dans la société. En ce sens, c’est un roman d’apprentissage pour son personnage principal, qui apprivoise son adolescence naissante, et se découvre plus fort qu’il ne le pensait.

En conclusion : Johan Heliot tient le pari de nous présenter un héros à contre courant dans un conte non genré et sans violence. Une jolie histoire bourrée d’intelligence et de vérités bien placées. Un vrai renouvellement du conte de fées que l’on attendait tous et qui nous donne envie de lire la suite de cette trilogie jeunesse pleine de promesses.

9 réflexions sur « L’imparfé (T1), Johan Heliot, Gulf Stream éditeur »

  1. Ce n’était pas un roman qui m’attirait à la base mais ta chronique change totalement la donne ! Merci pour cette découverte 😊

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    1. Il est court. En deux heures c’est plié. J’ai envie de lire les tomes suivants. Cela m’intrigue. Après cela reste un livre jeunesse. Ne t’attends pas à une intrigue ultra compliquée. Je connaissais l’auteur pour ses publications steampunk donc je n’avais pas de doute sur la qualité du livre. 😉

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      1. Oh ça ne me gêne pas de lire du jeunesse tant que c’est bien fichu et ça semble être le cas ici ! J’ai déjà lu tous les romans adultes de Johan Heliot, j’adore 😍 du coup c’est chouette de pouvoir le découvrir autrement !

        Aimé par 1 personne

  2. Sympa comme roman ! Cela me fait penser un peu A l’école du bien et du mal qui remet en question les contes de fées

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