Mers mortes, Aurélie Wellenstein, éditions Scrinéo

Roman moitié post-apocalyptique, moitié fantastique, Mers Mortes nous fait réfléchir sur des notions d’écologie et de survie humaine autour d’une belle utopie : faire revenir les océans. C’est aussi l’un des cinq finalistes du PLIB 2020. Petit tour d’horizon d’un roman à portée philosophique…

Résumé : Mers et océans ont disparu. L’eau s’est évaporée, tous les animaux marins sont morts. Des marées fantômes déferlent sur le monde et charrient des spectres avides de vengeance. Requins, dauphins, baleines…, arrachent l’âme des hommes et la dévorent. Seuls les exorcistes, protecteurs de l’humanité, peuvent les détruire. Oural est l’un d’eux. Il est vénéré par les habitants de son bastion qu’il protège depuis la catastrophe. Jusqu’au jour où Bengale, un capitaine pirate tourmenté, le capture à bord de son vaisseau fantôme. Commence alors un voyage forcé à travers les mers mortes… De marée en marée, Oural apprend malgré lui à connaître son geôlier et l’objectif de ce dangereux périple. Et si Bengale était finalement la clé de leur salut à tous ?

Mon avis :

Un univers entre Post-apocalyptique et Fantastique

Ce qui frappe au premier abord dans les premiers chapitres de Mers Mortes, c’est l’omniprésence de la chaleur, de la désertification terrestre. Tout est installé pour nous rappeler la catastrophe écologique qui a fait disparaître les océans. Au milieu de ce cimetière marin, quelques bastions d’humains résistent encore et tentent de survivre sous ces conditions climatiques dévastatrices, mais pour combien de temps ?

Passé le climat aride, une autre menace gronde : celle des fantômes des poissons disparus. Tous les jours, ils reviennent se venger des humains sous forme de marées imaginaires, afin d’aspirer leurs âmes. Pour se protéger, un seul remède : les exorcistes. Humains doués d’un talent pour tuer ces monstres marins, ils sont tantôt vénérés, tantôt traités en esclaves. Leur but premier est de protéger les autres vies, comme Oural, le héros de notre histoire, grâce à leur magie qui permet de détruire les fantômes des poissons morts.

Si vous pensiez être tranquille une fois à l’abri de la chaleur et aux fantômes, détrompez-vous ! Ce seront peut-être les hommes qui auront raison de vous, ou encore des zombies, ces hommes dont les poissons ont aspiré l’âme ! Post-Apo oblige, au fil du roman, nous serons confrontés à des profils et des modes de survie divers : société hiérarchisée où les exorcistes sont considérés comme le haut de la caste, équipage de pirates qui pille les ressources des autres, réfugiés parqués en un bidonville en première ligne pour protéger les aisés, … Ce qui compte, ce n’est pas le côté juste de ses actions, mais de rester vivant malgré tout, voire au détriment des autres.

Une ambiance angoissante vous accompagnera dans ce roman au rythme haletant et au style fluide. Aurélie Wellenstein joue la carte de l’originalité, en dehors du sujet abordé, en alliant deux genres différents : le post-apocalyptique et le fantastique, et c’est plutôt réussi.

Un roman d’apprentissage 

Le roman est tourné comme une quête d’apprentissage pour Oural, jeune exorciste puéril et orgueilleux, qui n’a jamais quitté son bastion où il vivait avec sa garde du corps/compagne et d’autres réfugiés. En rejoignant l’équipage de Bengale bien malgré lui, il va remettre en cause tout ce qu’on lui a appris sur son statut d’exorciste vénéré et découvrir d’autres exorcistes et surtout des modes de survie beaucoup moins recommandables. Il apprendra aussi à développer ses pouvoirs et se retrouvera confronté à des choix importants qui l’aideront à grandir.

Le lecteur est invité à découvrir cet univers avec lui et à prendre part à la quête de Bengale et de son équipage : retrouver des âmes puissantes pour les offrir en sacrifice au Léviathan, seul cachalot vivant restant réfugié dans le Grand Nord, aux allures de Chtulhu. En échange, le cétacé à promis de rendre les océans. Mais va-t-il tenir parole ? En attendant, le temps presse car sans eau, l’air se raréfie sur terre, et ce n’est qu’une question de temps avant que l’humanité soit condamnée. Le suspens va tout tenir en haleine jusqu’au bout du récit…

Pour moi, Bengale est le vrai héros de cette histoire. S’il est abordé dès le départ comme quelqu’un d’abject, parce qu’il tue des innocents pour aspirer leur âme, et capture des exorcistes afin de protéger son vaisseau, peu à peu, on découvre un personnage plus nuancé. C’est un homme torturé par ses démons intérieurs, vénéré comme un prophète par ses hommes, mais surtout terriblement seul à porter cette quête. Pour Oural, il sera un geôlier, un chef, un ami, un père, voire plus…

Leur duo complémentaire mène le récit et éclipse les autres protagonistes. Cela est un peu dommage, car les personnages secondaires, tous avec un passé de survivant différent, sont très intéressants.

J’ai personnellement été déçue par l’achèvement de cette quête, qui, sans vouloir en dévoiler plus, m’a semblé plus fantastique que post-apocalyptique. Ceci dit, sa conclusion est logique, malgré un retournement de situation de dernière minute, et elle est soignée.

Mon personnage préféré reste Trellia, la delphine fantôme d’Oural, qui l’aide à exorciser les autres animaux marins. Elle est la note d’espoir du récit, qui se veut sombre et très réaliste.

Une réflexion écologique

Au delà de cette fiction, Aurélie Wellenstein nous offre une réflexion plausible pour notre avenir en 2050. Elle aborde des sujets qui sont déjà présents de nos jours, dans les actualités concernant l’écologie marine : la surpêche, le réchauffement climatique, les rejets d’engrais et d’hydrocarbures, la fonte des glaciers, le destin des réfugiés climatiques… Et essaie d’imaginer une vie sans océans. Et ce n’est pas très joli !

Par ailleurs, on sent que l’auteure est engagée concernant la préservation des océans, notamment à travers ses descriptions très réalistes de morts d’animaux marins. Car Oural fait des cauchemars d’animaux qu’il a tué, mais en étant à leur place : suffocation d’un Phoque avec des sacs plastiques, engluement des oiseaux dans une nappe de pétrole, harponnage de dauphins pour le plaisir ou leurs nageoires, pêche des requins pour leurs nageoires.  Les images et sensations décrites de la souffrance de ces animaux ne laissent pas le lecteur indifférent. Ils sont présents de manière sous-jacente pour sensibiliser à la cause écologique… et je dois dire que c’est assez efficace.

La conclusion que l’on peut tirer de ce roman est que même dans un univers ou les hommes n’ont plus rien, il ne leur reste que deux possibilités : survivre en gardant une note d’espoir ou devenir le prédateur des autres. Oural nous proposera une troisième alternative…

En conclusion : Un récit noir et palpitant sur la survie sans les océans, mené par un  exorciste adolescent et un capitaine aux allures de Barbarossa. Une belle leçon sur la nécessite de protéger l’écologie marine, sur fonds de roman post-apocalyptique.

5 réflexions sur « Mers mortes, Aurélie Wellenstein, éditions Scrinéo »

  1. J’y ai trouvé de belles idées mais globalement, c’est un roman que je n’ai pas aimé : aussi bien au niveau du style de l’autrice que du rythme ou des personnages.

    J’aime

    1. Moi j’ai été déçue par la fin principalement et Oural trop puéril et moins charismatique que Bengale. Le roman est du young adult mais je trouve qu’il rate sa cible. En revanche, j’ai apprécié le rythme plutôt prenant. Mais je ne vais pas te refaire ma chronique. Merci de ton retour 😉

      Aimé par 1 personne

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