Ou quand Amélia essaie d’expliquer à son chat des notions bien humaines…
4h30 du matin. Le chat Gimli gratte la porte de la chambre d’Amélia en miaulant à s’en faire péter les cordes vocales :
« Esclave ! Réveille toi ! J’ai faim ! Et puis, ton réveil n’a pas sonné. »
Amélia dans le coaltar, grogne du fond de son lit : » Va te recoucher, c’est pas l’heure. »
Gimli, énervé : « Comment ça, c’est pas l’heure ! C’est comme ça que tu me remercies ? De te réveiller alors que tu as oublié de mettre ta machine musicale pour le faire ? Tu vas être en retard au travail, je te signale ! Et moi, j’ai faim. »
Le chat reste planté sur ses pattes et fixe le lit d’un air résolu.
Amélia râle : » Non, il est 4h30. Je ne vais pas être en retard, j’ai encore une heure devant moi. C’est normal si mon réveil n’a pas sonné »
Le chat, déterminé à avoir raison, continue, sûr de son fait : « Mais non, il est 5h30. C’est l’heure des croquettes. M’embrouille pas. »
Amélia répond d’un ton agacé : « Gimli, cette nuit c’était le changement d’heure, on a reculé d’une heure. »
Gimli en reste la bouche ouverte, choqué : « C’est quoi ce délire ? Sous prétexte d’une invention d’esclave, je mange une heure plus tard ? Je m’en fous, pour moi il est 5h30. C’est l’heure des croquettes. J’attends humaine, que tu me serves en bon esclave que tu es. Si on a une heure de plus, ça te fait du temps en plus pour t’occuper de moi… »
Amélia soupire : « Et tu peux pas faire comme tout le monde ? Profiter d’une heure de sommeil en plus ? »
Gimli répond d’un air catégorique: « Non, je suis un chat, je dors quand ça me chante.”
Puis, plissant les yeux, il ajoute : “ Mais comme je vois que tu n’es pas réceptive à ma demande, je te laisse dormir exceptionnellement une heure de plus. Tu vois, je suis un Maître magnanime. »
Amélia : » Fort aimable ». Elle se retourne dans sa couette.
Il s’éloigne de la porte à pas feutrés.
2 minutes plus tard, le réveil sonne.
Le chat est de retour à l’entrée de la chambre : « Humaine, j’ai faim ! Donne moi des croquettes. C’est l’heure maintenant ».
Amélia le toise, d’un air circonspect : « Avoue, tu matais l’heure pendant qu’on discutait. «
Gimli entreprend de se nettoyer les oreilles. Il prend un air indifférent avant de lui répondre : » Je suis un chat, je ne sais pas lire l’heure, je te signale… ».
Il continue plus bas : « Par contre, je sais l’estimer avec le soleil »
Amélia la tête dans mon oreiller, se redresse d’un bond : « Tu as dit quoi ? »
Gimli, retient un sourire : « J’ai dit qu’aujourd’hui, on allait avoir du soleil… Bon tu te lèves ? »
Amélia, le toise d’un oeil noir : » Mouais, je me lève, tu ne perds rien pour attendre. »
Gimli, d’un air narquois se dirige vers sa gamelle : « Je préfère… »
La jeune fille sort péniblement de son lit, va servir une large ration au chat, puis retourne me recoucher.
Gimli dévore sa ration, puis se plante à nouveau à l’entrée de la chambre : « Esclave !? »
Amélia, très agacée d’être réveillée à nouveau, essaie de le rembarrer : « Quoi encore ? C’est bon t’as eu à manger. Tu veux quoi de plus ? »
Gimli, interrogatif : « Pourquoi tu vas te recoucher ? Tu ne dois pas aller travailler ? »
Amélia, d’un ton docte : « Non, c’est le Confinement Gimli, je fais du télétravail. Et à partir de 8h. Donc, je peux encore dormir un peu, si tu me laisses tranquille. »
Gimli, perplexe : » C’est quoi le confinement et le télétravail ? Je ne comprends rien. »
Amélia reprend : » Cela veut dire que je ne dois pas sortir dehors parce qu’il y a une maladie en ce moment et que je peux utiliser mon ordinateur pour travailler à la maison »
Gimli, soulagé : « Ah d’accord, c’est comme un weekend alors ? »
Amélia, hésitante, lève un sourcil : » Comment ça, c’est comme un weekend ? »
Gimli, d’un air suffisant : « Bah tu restes au lit, tu vas sur l’ordinateur et tu ne sors pas. »
Amélia, gênée : « Euh…oui, si on veut »
Gimli, blasé : « Vous humains, vous avez vraiment des mots compliqués pour expliquer les choses… Bon bah à dans une heure, alors ! »
Amélia, interrogative : « Comment ça, à dans une heure ? »
Gimli, pédant : « Bah oui, si c’est comme le weekend, notre accord tacite tient toujours : je viens réclamer de l’attention toutes les heures. »
Amélia, se massant les tempes : « Je sens que le confinement ne va pas être facile… »