Quand braquage à l’italienne rencontre un univers de féérie…
Aujourd’hui, je vous emmène chez des escrocs, mi-magiques mi-marginaux qui se sont encore mis dans un sacré pétrin !
Résumé : James l’elfe, Jorg le Troll et Elise la demi-elfe forment un trio d’escrocs assez compétents dans leur domaine dans la cité magique de Nowy-Krakow, proche des pays de l’Est. Lassés de leurs petites escroqueries et désireux de récupérer un maximum d’attals pour se mettre à la retraite, ils décident d’accepter un contrat proposé par un riche aristocrate paralysé : Astur. Il s’agit de voler un joyau appelé « le rein d’Isis » lors d’une soirée organisée par son actuel propriétaire, tout aussi riche qu’Astur. Mais l’endroit est gardé telle une forteresse et les trois compères vont devoir rivaliser d’ingéniosité pour mener à bien leur mission. Bien sûr, comme dans tout braquage, il y aura des imprévus car ils ne sont pas les seuls sur le coup…
Mon avis :
Une fine équipe de marginaux
Le destin a fait qu’ils se sont rencontrés, pourtant tout les oppose…ou presque.
James, Jorg et Elise ont ceci en commun qu’ils sont des êtres en marge de la société, poursuivis par les agents de police un peu trop zélés ou tout simplement par racisme.
Dès le départ, on comprend que certains êtres magiques ne sont pas vraiment les bienvenus dans Nowy-Krakow. La ville a beau être réglée par des mages au niveau de la météo (enfin…quand ça marche !), les minorités ont des difficultés à trouver leur place.
Les trolls sont persécutés à cause de leur culture vue comme barbare, de leur force et de leur grande taille. Rien n’est d’ailleurs adapté à Jorg pour s’asseoir ou se loger. Par ailleurs, c’est un troll bavard, chose peu courante parmi ceux de son espèce.
Le problème d’Elise est qu’elle est une demi. Mi-elfe/mi-humaine, elle est ostracisée du fait de cette mésalliance, et de ce fait n’appartient vraiment ni à l’un, ni à l’autre race. Son rêve le plus cher est d’ailleurs de créer un club réservé aux « demi » qui comme elle sont persécutés afin de leur offrir un lieu où ils seraient en sécurité et pourraient échanger.
James… est un elfe particulier. Il a été longtemps sous l’emprise d’un humain qui l’hypnotisait pour lui faire réaliser de basses besognes. Bien qu’il en ait appris toutes les ficelles du métier d’escroc, il en garde un très mauvais souvenir et déteste les humains.
Quant à Mila…ses préférences sexuelles n’ont pas plu à ses parents et chassée de chez elle, elle a dû apprendre à voler pour survivre. Son arrivée dans l’équipe ne se fera pas sans heurts. On en apprendra plus sur son passé en fin de roman, dans une nouvelle qui lui est consacrée.
Un braquage à rebondissements
Ce qui devait être un cambriolage plutôt simple va s’avérer finalement plus complexe.
Astur est un petit malin qui dès le départ prend des dispositions pour que Jimmy et sa bande ne le doublent pas.
Il engage également plusieurs équipes, ce qui va nuire au travail des trois compères.
Par ailleurs, la maison est bien gardée et comme hermétique. Impossible d’y entrer et pourtant James n’a pas vraiment le choix : il doit absolument réussir ce braquage pour plusieurs raisons.
La retraite dorée n’est pas son seul argument. Se protéger ainsi que son équipe restent des objectifs bien suffisants.
Cependant, l’élaboration du braquage traîne un peu en longueur, les actions s’enchaînent et on s’attend bien sûr à un dernier retournement de situation parfaitement assumé.
A travers cette histoire, on sent l’influence de films tels que Ocean’s eleven mais aussi Braquage à l’italienne dont l’auteur est plutôt fan (selon l’interview présente à la fin du livre et réalisée par ActuSF). On pense également à la série de Scott Lynch : Les salauds gentilhommes (Bragelonne), même si James n’a pas la même envergure que Locke Lamora.
Un questionnement sur la société
Plusieurs sujets sont évoqués en lien avec la société constituée dans Nowy-Krakow, comme l’immortalité, le racisme ou la fonction publique.
Astur souhaite retrouver la santé et la vie éternelle grâce au rein d’Isis. Mais il n’explique pas comment, et James le découvrira par la suite avec horreur. Se posera alors la question : Quels sacrifices valent de devenir immortel? A quelles extrémités l’homme est-il prêt à aller pour ne pas mourir ?
Le racisme est présent souvent dans l’histoire des quatre compères et ils doivent élaborer des stratégies pour éviter de se faire arrêter : Jorg évite de trop se montrer, James fait attention à ses tenues, Elise du fait de son statut de demi-elfe prend soin de dissimuler ses oreilles…
Enfin les mages, plutôt considérés comme des fonctionnaires dans la société magique sont vivement critiqués sur leurs (in)compétences. La blague qui revient souvent concerne leur incapacité à régler la météo qu’ils ont eux-mêmes élaborés !
En conclusion : Damien Snyers a le don de nous transporter dans un braquage digne des plus grand films tout en mélangeant subtilement des éléments féériques qui apportent une touche d’originalité à son histoire. Un roman qui se lit d’une traite et dont on espère une suite prochaine qui pourrait répondre à des questions laissées en suspens.
NB : Si vous souhaitez découvrir une suite à cet univers, rendez-vous sur le site ActuSF qui vous propose une nouvelle inédite gratuite en version numérique de l’auteur intitulée Les cambrioleurs rêvent-ils de dinosaures mécaniques ?
Article auparavant publié par mes soins sur le site Portdragon.fr
5 réflexions sur « La stratégie des As, Damien Snyers, éditions ActuSF »